La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

La beauté du geste d’Olivier Saccomano, mis en scène par Nathalie Garraud

La beauté du geste d’Olivier Saccomano, mis en scène par Nathalie Garraud - Critique sortie Théâtre Amiens La Maison de la culture d’Amiens
Crédit : Jean-Louis Fernandez Légende : Les acteurs Mitsou Doudeau, Cédric Michel, Florian Onnéin, Conchita Paz et Charly Totterwitz, alignés dans la peau des CRS du deuxième tableau.

Maison de la Culture d’Amiens / Texte d’Olivier Saccomano/ conception Nathalie Garraud et Olivier Saccomano / mes Nathalie Garraud

Publié le 28 octobre 2019 - N° 281

Création inaugurale de Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, codirecteurs de la Compagnie du Zieu, nommés en janvier 2018 à la tête du Théâtre des 13 vents, Centre Dramatique National, La beauté du geste interroge le rapport que le théâtre entretient avec l’Etat. Les acteurs sont en première ligne.

A travers son titre, le spectacle évoque la beauté d’un geste accompli, adressé, quand le geste et la pensée ne faisant plus qu’un, la beauté est la marque de l’efficience d’une pratique parfaitement maîtrisée. A cet égard, la part dévolue aux acteurs est énorme. Ils font littéralement la pièce, fresque en trois mouvements auquel le rapport entre le théâtre et l’Etat sert de fil rouge. En trois tableaux éclatés ou en trois rounds, la scène organisée de façon bi-frontale tenant du ring. A l’immersion dans une répétition théâtrale où les comédiens reprennent à leur compte la grande question de Vitez : « où en sommes-nous de la chaîne immémoriale des rôles ? » succède celle où les acteurs endossent le rôle de CRS à l’entraînement. Quant au troisième mouvement en forme de mise en abîme théâtrale, qui met en scène de manière farcesque le procès des protagonistes accusés/acteurs/CRS/témoins, il pourrait faire à lui seul l’objet d’une pièce à part entière.

Un maelström de jeux de rôles

La création présente, in vivo, une difficulté : celle de suivre le fil rouge qui unit les trois mouvements de la représentation, d’autant que certaines interventions peuvent apparaître comme des digressions. Sans doute faudrait-il resserrer le propos mais ne boudons pas notre plaisir. Les cinq acteurs qui tiennent de bout en bout cette Beauté du geste sont formidables. Leur talent, déjà sensible dans les deux premières séquences, éclate dans la troisième où visiblement le plaisir de jouer prend le pas sur tout. Ils s’en donnent à cœur joie. Très sérieusement comiques, changeant de peau aussi rapidement que de costumes, Mitsou Doudeau, Cédric Michel, Florian Onnéin, Conchita Paz et Charly Totterwitz, tous membres de la troupe qui accompagne les créations de la Compagnie du Zieu codirigée par Nathalie Garraud et Olivier Saccomano, nous entraînent dans un maelström de jeux de rôles jubilatoire. Leur prestation est d’autant plus remarquable que leurs points d’appui côté scénographie sont minces et la bi-frontalité, légitimement retenue comme axe de mise en scène, à haut risque. Seule la bande son, très étudiée, leur offre une prise réelle pour conquérir le public, que la pièce s’emploie à désarçonner pour mieux le rendre actif.

Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens

A propos de l'événement

La beauté du geste
du lundi 25 novembre 2019 au mercredi 27 novembre 2019
La Maison de la culture d’Amiens
2 place Léon Gontier, 80000 Amiens

La Maison de la culture d’Amiens du 25 au 27 novembre 2019. Les Halles de Schaerbeek, Bruxelles, du 5 au 8 décembre 2019. Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence, les 23 et 24 janvier 2020. Les Scènes du Jura, Lons-Le-Saunier, les 4 et 5 février 2020

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre