La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Julie Brochen

Julie Brochen - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 novembre 2007

La jubilation d’une langue.

Julie Brochen s’engage avec Variations/Jean-Luc Lagarce dans de nouvelles Paroles d’Acteurs (Festival d’Automne et ADAMI). Après Joël Jouanneau et Martin Crimp en 2006, c’est à la directrice de L’Aquarium d’honorer à son tour la tradition de transmission orale dévolue à de jeunes comédiens. Un pari stimulant.

Avec dix comédiens issus de Talent Cannes, une série de courts-métrages de cinéma coproduits par l’ADAMI, vous partagez votre expérience d’actrice et de metteuse en scène.
 
Julie Brochen : C’est une gageure qui joue sur l’urgence et sur le manque de moyens, les principes mêmes de l’école de théâtre. Le matériau dont je dispose, ce sont les acteurs que je ne connais pas. Ils ont été choisis par des réalisateurs de cinéma pour des courts-métrages présentés à Cannes. Sur plus d’une vingtaine, j’en ai choisi dix pour ce geste de théâtre. Il ne s’agit pas d’une aventure d’école telle que je l’ai vécue au Conservatoire. Ces acteurs professionnels sortis des écoles sont à la recherche de promotion et d’exposition, de rapport à la profession. Je n’élabore pas de mise en scène, mais je m’oblige à du « sur-mesure » où chacun ait sa part.

Comment avez-vous élu Lagarce comme écrivain associé ?

J. B. :
Je n’ai jamais eu la joie de jouer ou de mettre en scène ces textes dont je me sens proche. À l’origine, je voulais me situer là où étaient les acteurs dans un échange réciproque. Je voulais découvrir avec eux une écriture qui m’était inconnue. Nous avons privilégié deux pièces de Lagarce, Derniers Remords avant l’oubli et Juste la fin du monde avec quelques bribes de Music-Hall. J’ai eu envie de « piocher » sans que je ne tisse pour autant de patchwork. L’écriture de Lagarce résiste au montage et aux coupes ; elle est musicale, ouverte aux résonances et aux répétitions. Si on enlève des répliques, on perd la saveur et la densité de l’écriture.

« Le repas de famille chez Lagarce, une sorte de Festen théâtral »

La lecture passionnée de l’œuvre m’a conduite à regretter de n’avoir pas connu son auteur. Même si cette écriture est très française, je ne peux m’empêcher de la rapprocher de la voix de Tchékhov.

Vous n’hésitez pas à parler à cet égard, de partition musicale.

J. B. :
Lagarce est un auteur intéressé par les acteurs ; il leur donne un texte très écrit, un travail jubilatoire de la langue, comme celle de Tchékhov. J’ai eu, du vivant de Lagarce, une précaution spontanée à penser que l’auteur n’est pas forcément le plus habilité à mettre en scène ses propres textes. De plus, Lagarce avait ses amis et j’avais la sensation de ne pas appartenir à cette famille. Aujourd’hui, je vais privilégier des instants de l’œuvre en restant à l’affût de ce que sont ces jeunes acteurs, de leurs affinités et de leur point d’achoppement avec le texte. Avec aussi le désir d’enclaver Derniers Remords avant l’oubli dans Juste la fin du monde en prenant appui sur le repas de famille, une sorte de Festen théâtral. Les jeunes apprentis, le public accueilli et moi-même, sommes conviés à un repas Lagarce.

Propos recueillis par Véronique Hotte


Variations/Jean-Luc Lagarce
Paroles d’acteurs

Textes de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Julie Brochen, du mardi au samedi 20h30, dimanche 16h, du 6 au 11 novembre 2007 au Théâtre de l’Aquarium Cartoucherie 75012 Paris Tél : 01 43 74 99 61 et Festival d’Automne : 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com 

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre