Dans la caravana, création joliment sensible de Catherine Anne
Ils chantent, jouent de la musique, donnent [...]
Johanna Boyé emmène la Troupe de la Comédie-Française au pays de La Reine des neiges de Hans Christian Andersen. Son adaptation, dont elle cosigne le texte avec Élisabeth Ventura, restitue fidèlement et avec finesse la magie et les enjeux du conte original.
Le conte a régulièrement ses entrées à la Comédie-Française, et « l’œuvre d’Andersen apparaît comme une source d’inspiration riche pour les metteurs en scène, avec pas moins de cinq créations à ce jour », écrit l’archiviste-documentaliste à la Comédie-Française Claire Lempereur dans le programme de salle. « Les adaptations qui en sont faites tendent à l’épure ou passent par des transpositions dans le monde contemporain, sans jamais néanmoins perdre le merveilleux », poursuit-elle. Avec sa Reine des neiges, Johanna Boyé emprunte une troisième voie : utilisant avec sa scénographe Caroline Mexme la machinerie de théâtre comme outil de fabrication d’une magie au charme légèrement désuet, d’apparence presque artisanale, elle se veut la plus fidèle possible au conte d’origine, publié en 1875 dans le recueil Nouveaux contes. Grâce à un jeu enlevé, souligné par quelques effets bienvenus, la démesure, la violence de l’histoire de Kay (Adrien Simion) et son amie Gerda (Léa Lopez), séparés par un mauvais sort, cohabitent élégamment avec la belle humanité de l’héroïne et de quelques-unes de ses rencontres.
Des humains et des Trolls
La pièce s’ouvre sur une belle trouvaille. À la place du narrateur anonyme de Hans Christian Andersen, c’est une femme bien concrète qui prend en charge le récit dans cette version théâtrale : la grand-mère (Danièle Lebrun) de deux enfants d’aujourd’hui ou presque, si fascinés par ses histoires peuplées d’une Reine des Neiges (Suliane Brahim, en alternance avec Elisa Erka), de Trolls et d’autres créatures fantastiques qu’ils s’en font bientôt les héros. Enfilant des costumes d’autrefois, ils deviennent les personnages de l’histoire de leur grand-mère, dont on comprend bientôt le degré d’implication dans son récit. Très théâtrale, cette introduction permet à Johanna Boyé et ses comédiens d’avoir recours à tous les artifices scéniques qu’ils le souhaitent sans donner l’impression d’une surenchère de techniques. Les ciels de fleurs, les panneaux suggérant une forêt épaisse, le flocon de neige volant et scintillant qui transforment le plateau au gré de la recherche de Kay par Gerda ont le naturel d’un jeu d’enfants. Le fait que tous les comédiens assument plusieurs rôles participe beaucoup de la magie proprement théâtrale de cette pièce. Nul besoin ainsi de souligner les résonances contemporaines du conte – notamment sa dimension environnementale, portée par les Trolls : le jeu des comédiens, les décors de la pièce ont beau être généreux, ils laissent au spectateur suffisamment de place pour tirer à lui les fils qui doivent l’être.
Anaïs Heluin
le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h. Tel : 01 44 58 15 15.
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Maria Machado et Charlotte Escamez adaptent [...]