Festival Fragments
14 spectacles en cours de création [...]
Intitulée J’habite ici, la nouvelle création de Jean-Michel Ribes sous-titrée Pièce en douze appartements, une concierge dans l’escalier et une rue devant, croque une kyrielle de personnages pour composer une mosaïque de l’époque dont l’humour, dit-il, « reste la seule issue de secours ».
« J’habite ici » ouvre votre vingtième saison à la tête du Théâtre du Rond-Point. Elle est également le point d’orgue de « ça y est, il fait jour », la série d’événements festifs conçus pour célébrer cette rentrée. Que nous dit le titre que vous avez choisi ?
Jean-Michel Ribes : Je ne suis pas quelqu’un de volontaire. Je suis entraîné par les personnages qui ne me conduisent pas dans le marécage de la bien-pensance. Comme pour toutes les pièces que j’ai faites, il n’y a pas au départ une trame planifiée pouvant dire ce qu’est la société ou pas. Si je devais avoir recours à une image, je dirais qu’il y a un nuage, qu’il se met à pleuvoir, que des flaques se forment avec leurs miasmes. J’habite un pays, une époque, sans avoir la prétention d’un surplomb. J’avance à tâtons, cherchant l’air frais, sur la piste de sensations drolatiques, impertinentes, à travers la broussaille des certitudes et le bordel des idées, guidé par l’utopie et la vie. C’est une pièce comme j’aime en écrire : montrer la folie dans laquelle on vit, de ce que nous traversons, et comment on finit par en rire, seule issue de secours. Raconter ce qu’on écrit, c’est toujours difficile. Et inutile. Expliquer ce qui est, c’est toujours plus petit que ce qui est.
C’est une pièce pour cinquante personnages, jouée par dix acteurs. Parlez-nous de la distribution.
J.-M. R : Les acteurs sont primordiaux. C’est une pièce d’acteurs dont le talent augmente le vôtre. Elle est faite de rebonds et de rebonds. On y va de surprises en surprises. On y voit des comportements invraisemblables mais c’est nous ; nous les voyons tous les jours dans la rue. Dans la distribution, on retrouve des comédiens avec qui j’aime travailler pour une bonne raison : ce sont des gens qui portent une espèce de vérité, celle de ne pas se prendre au sérieux. On trouve aussi de jeunes talents porteurs de cette même qualité : avoir le sens inné du second degré, de l’irrévérence, de l’insolence.
Vous avez confié la scénographie de cette nouvelle création à Emmanuelle Favre, créatrice de décors pour de nombreuses productions d’opéras. Pourquoi ce choix ? Souhaitiez-vous donner une dimension opératique à « J’habite ici » ?
J.-M. R : Je l’ai d’abord fortuitement rencontrée, puis je suis allé découvrir deux de ses créations. Emmanuelle Favre a une double qualité : être incomparablement professionnelle et, en même temps, fonctionner à l’inspiration ; elle sait inventer. Outre ce talent, ce qui m’a effectivement intéressé, c’est cette ouverture à l’opéra pour ne pas rester coincé dans une géographie uniquement théâtrale. Je voulais un décor fait d’évocations, qui parle à l’imagination.
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
à 21h. Relâche les lundis et le jeudi 16 septembre. Tél : 01 44 95 98 21. Durée estimée : 1h30.
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