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Seul en scène, Jérémy Lopez, sociétaire de la Comédie-Française, incarne Max Linder, l’un des premiers auteurs-acteurs burlesques de l’histoire du cinéma. Un rôle comme taillé sur mesure par l’auteur et metteur en scène Stéphane Olivié Bisson.
Tombé dans les oubliettes de l’Histoire, Max Linder, grande gloire du cinéma muet à la destinée tragique, ressuscite sur les planches. De sa folle trajectoire, celle d’un génie artistique, précurseur du genre burlesque dont Chaplin reconnaîtra s’être inspiré, il ne reste aujourd’hui presque rien : une enseigne de cinéma sur les grands boulevards qui porte son nom, une centaine de films sauvés sur les quelque cinq cents dont il fut l’auteur et l’acteur. Comment comprendre ce passage de la pleine lumière à l’oubli le plus complet ? C’est la question ; celle qui, par un effet de multiples résonnances intimes, doublé de coïncidences comme seule la vie sait en organiser, conduit Stéphane Olivié Bisson à écrire Max. Le biais qu’il retient – l’adresse d’un mort à sa femme, et surtout à sa fille – lui permet de feinter avec le surplombant du récit biographique. L’auteur s’efface au profit des interrogations de son personnage fantomatique. Il lui laisse également le soin d’exposer ses tentatives de réponse. Il les fait saillir sans concession et avec beaucoup d’autodérision, démêlant, sous nos yeux, les fils d’une vie hors normes. Poétique.
Une performance marquante
Confier ce rôle à Jérémy Lopez est apparu comme une évidence aux yeux de l’auteur et metteur en scène. Cette évidence ne saurait échapper à personne. Dans cette incarnation, le jeu de l’identification joue à plein servie par l’agilité d’un acteur totalement investi. Sa première apparition est saisissante. Nu, éclairé d’un indirect trait de projecteur, sur un plateau versé dans le noir, il est celui qui revient d’entre les morts pour installer le doute, dire qu’une fois mises à nu, les pires souffrances ne sont peut-être qu’imaginaires. D’entre les morts, petit à petit, il se relève pour se vêtir de ses habits de lumière : un frac, un chapeau haut de forme, des souliers bicolores, une canne à pommeau, ultime accessoire nécessaire au dandy. Rien sur le plateau, totalement dénudé, ne saurait lui servir de point d’appui. La bande son, d’un minimalisme éloquent, faite de morceaux qui accompagnaient jadis les prestations du cinéma muet, ponctuent de rares respirations. Une vraie performance qui marque une carrière d’acteur.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Les mardis, mercredis, jeudis, vendredis et samedis à 20h30. Le dimanche à 15h30. Relâche le 1er octobre. Durée : 1h30. Tél : 01 44 95 98 21. Comédie de Picardie, 62 rue des Jacobins, 80000 Amiens. Les 18 et 19 octobre à 19h30, le 20 à 20h30. Tél : 03 22 22 20 20. Février 2022 : du 22 au 25 au Théâtre Comédie Odéon à Lyon. Avril 2023 : du 5 au 8 au Théâtre National de Nice.
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