Nelson Goerner
Le grand pianiste argentin joue Schumann, [...]
Le pianiste et compositeur français joue trois études de sa plume en création mondiale, commandes de la Fondation Louis Vuitton, au même programme que des œuvres de Salvatore Sciarrino, Thomas Adès et Pierre Boulez
Qui est Jean-Frédéric Neuburger ? Derrière ce nom déjà bien connu des mélomanes se cache une énigme singulière. On l’a connu pianiste. Et quel pianiste fabuleusement intelligent et sensible, fort en thème et libre, capable de donner à une bluette son charme, à une étude de Chopin son tracé fulgurant et révolutionnaire, à la Sonate Hammerklavier de Beethoven son envergure cosmique. Puis on l’a connu compositeur, sortant peu à peu de sa gangue avec une pertinence aussi discrète qu’impérieuse, forçant l’admiration de ceux qui spontanément ne serait pas allé vers l’esthétique sévère qu’il cultive. On l’a même connu prophète, osant reprendre la Sonate de Jean Barraqué, œuvre manifeste, bloc intimidant, dont on parlait parfois mais que plus personne n’avait osé jouer depuis quarante ans. On le sait professeur et l’on devine aisément qu’une tête aussi bien faite, des mains aussi naturellement pianistiques, un esprit aussi ouvert sur le plan esthétique ne peuvent qu’être à l’écoute des élèves dans un enrichissement mutuel de chaque moment.
Programme vertigineux
Le voici pianiste à la Fondation Vuitton, le 5 décembre, pour un récital dont le programme donne le vertige – et qu’un Maurizio Pollini ferait sien. Commencer par l’Italien Salvatore Sciarrino, passer ensuite au Britannique Thomas Adès, finir par Pierre Boulez après avoir créé mondialement trois études que vous a commandées la fondation est un exploit pour la mémoire – même partition sur le pupitre -, pour la concentration, l’assimilation et in fine pour le don de soi qu’exige de partager tant d’intensité avec le public. Chapeau !
Alain Lompech
à 20h30. Tél. : 01 40 69 96 00. Places : 25 à 40 €.
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