A Vif
Autour de la question épineuse de la [...]
Sous la direction d’Arnaud Meunier, Rachida Brakni interprète trois destinées de femmes au cœur du conflit israélo-palestinien. Je crois en un seul Dieu offre au directeur du CDN de Saint-Etienne une nouvelle plongée dans le théâtre-récit de Stefano Massini.
Après Femme non rééducable et Chapitres de la chute, vous restez fidèle à l’écriture de Stefano Massini…
Arnaud Meunier : C’est une marque de fabrique pour moi : quand je m’attache à une écriture, je la creuse. Je l’ai fait avec Vinaver auparavant. Mais il y a aussi le fait que Stefano Massini raconte des histoires comme personne. Sans créer de suspens, puisqu’on sait par avance ce qui va se passer, mais en donnant à comprendre et à rendre humain tout ce qui conduit à cette fin.
Quelle est cette fin dans Je crois en un seul Dieu ?
A.M. : C’est un attentat à Tel-Aviv qui va réunir trois femmes dont Rachida Brakni interprète les destinées pendant l’année qui précède le drame : une jeune femme qui rêve de mourir en martyr, une israélienne professeure membre d’une gauche pacifiste et une G.I. qui se demande un peu ce qu’elle fait là.
« Une écriture qui cherche à embrasser la complexité des choses. »
C’est donc aussi le sujet, brûlant d’actualité, qui vous a intéressé ?
A.M. : C’est sûr que dans la France d’après les attentats, ce que nous mettons en jeu me paraît essentiel. Il est urgent et passionnant de trouver au théâtre une chambre d’écho à l’époque que l’on traverse. Surtout que l’écriture de Stefano Massini propose une approche sensible, dégagée du passionnel et de l’hystérique, de l’instrumentalisation politique, et cherche à embrasser la complexité des choses. Il fait partie, comme moi, d’une génération post-brechtienne, avec une écriture qui ne juge jamais, qui ne dit jamais ce qu’il faut penser, qui cherche à faire douter plutôt qu’à enseigner aux masses.
Dans une époque instable et complexe, le théâtre ne doit-il pas apporter aussi des repères ?
A.M. : Au théâtre, j’aime quand je ressors riche de questionnements. C’est toujours plus puissant que d’aller frontalement là où on veut aller, de convaincre ceux qui le sont déjà et de scandaliser les autres. Le théâtre de Stefano Massini est aussi très documenté mais pas documentaire. C’est un auteur néo-pasolinien dans le sens où il cherche à marier le poétique et le politique. Dans Je crois en un seul Dieu, il rend compte de la vie au quotidien de ces trois femmes sur cette terre très particulière où quelque chose d’originaire se joue, qui irradie nos questionnements.
Propos recueillis par Eric Demey
à 20h, le samedi à 17h, relâche le dimanche. Tel : 04 77 25 01 24.
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