Signée Sylvain Decure et Mélinda Mouslim, une Conf’ apocalyptique, absurde et clownesque qui revigore
Ne vous fiez pas aux apparences, si La Conf’ [...]
Avignon / 2022 - Entretien / Nora Granovsky
L’autrice et metteuse en scène Nora Granovsky fait renaître, sous nos yeux, une icône musicale des années 1960 : Janis Joplin. Quand la fureur de vivre devient communion universelle.
Qu’est-ce qui vous a menée jusqu’à cette création sur Janis Joplin et la Beat Generation ?
Nora Granovsky : À travers la biographie de Janis Joplin, s’incarne le paradoxe de l’Amérique entre, d’un côté l’esprit pionnier et aventurier, l’aspiration illimitée à une liberté illimitée, et de l’autre la confrontation à la puissance de la norme, à la société de consommation et aux ostracismes qui en résultent. Avec les armes de la poésie et de la musique, la Beat Generation s’est imposée contre cette dimension conservatrice et capitaliste. Dans cette quête d’une humanité plus juste, où la créativité est au centre du mouvement vital porté par une fureur de vivre propre à cette génération, l’important n’est pas de se chercher et de se trouver mais, comme le dit Bob Dylan, de se créer. Janis Joplin a essayé. C’est ce que j’essaie de faire à mon niveau, en étant le relai de cette façon de concevoir le monde. Être sur la route, sans cesse en mouvement, comme l’étaient les poètes de la Beat Generation, c’est aller à la rencontre de l’autre. Et aujourd’hui, en réponse à la place que prennent la discrimination et le pouvoir de l’argent, ce rapport au monde me semble être une nécessité.
Janis met en présence, sur scène, une comédienne et un guitariste…
N.G. : Oui, le guitariste Jérôme Castel accompagne la comédienne Juliette Savary. Subrepticement, l’échange d’identité s’opère entre Juliette et Janis. Son personnage parle et le monde tourne autour, les situations s’enchainent, à son insu. Elle se laisse emporter par le flot de paroles et d’émotions qu’elle génère.
Quelles caractéristiques de la chanteuse avez-vous souhaité mettre en lumière ?
N.G. : J’ai voulu tracer un portrait de Janis Joplin au-delà des stéréotypes accolés à son personnage, en mode kaléidoscopique et intimiste. J’ai voulu mettre en lumière ses fragilités autant que ses forces, ses origines, son rapport constitutif à la musique, aux chanteuses de blues, son parcours de vie fulgurant et sa détermination. L’histoire pourrait se passer dans une chambre à coucher, sur un plateau de théâtre ou une scène de concert, dans une sorte de no man’s land du temps. On assiste au retour des fantômes du passé. Le lieu de la représentation devient celui des limbes, un espace entre la vie et la mort, un temps suspendu propice à l’onirisme, aux réapparitions, proche d’une séance de spiritisme.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 17h05. Relâche les 12, 19 et 26 juillet. Tél. : 04 84 51 20 10. www.11avignon.com
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