The Great He-Goat de Nicole Mossoux avec Patrick Bonté
Le Grand Bouc, c’est aussi le Sabbat des [...]
Plasticien, scénographe, écrivain, metteur en scène, performer et enfin chorégraphe, la singularité de Jan Fabre tient d’abord à l’éclat de son intelligence acérée. Portrait d’un artiste protéiforme et prométhéen.*
C’est du regard aigu formé par le dessin qu’est né son intérêt pour le corps en mouvement. Devenu plasticien, il ne tarde pas à s’incorporer – au sens fort – dans des performances privées où il s’implique totalement. Puis il se tourne vers l’écriture et le théâtre, et devient metteur en scène. Homme de l’excès, sa première pièce mêle dans un genre unique théâtre, danse et opéra et dure sept heures : C’est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir est une sorte de drame de la sensation, une contraction des affects dans une apocalypse joyeuse qui ne craint pas d’offrir l’artiste en tant qu’objet d’art. La tension entre l’uniformisation des corps et la profondeur des individus est un thème récurrent qu’il traite sous les différents angles que lui permet son éclectisme artistique. Le conflit entre sensation intérieure et regard extérieur, la dichotomie du corporel et du spirituel sont traqués sans cesse, dans des œuvres où la vision mystique du corps s’accompagne d’une réflexion sur l’interprétation de chaque objet, de chaque geste, par une sorte d’affinement du regard, de dilatation de la perception.
Homme de l’excès
Peurs, angoisses, horreurs, ses spectacles, parfois d’une violence rare, sont ceux d’un artiste qui transforme l’espace théâtral en vaste champ sensoriel. Ses corps caparaçonnés et fragiles montrent un être inexorable, un « guerrier de la beauté » défini comme « une figure corporelle qui cherche à défendre notre vulnérabilité contre le politiquement correct », dit celui qui croit que le corps, à la fois coquille et ange, est d’abord une émanation spirituelle. Avec Belgian Rules, Belgium Rules, il s’empare de son pays, ce royaume profondément surréaliste et anticonformiste, pour brosser à coups de bière et de Manneken-Pis, d’œuvres de Brueghel, Rubens ou Félicien Rops, Jérôme Bosch et Hergé, un tableau d’une belgitude ouverte sur le monde, multiculturelle et vivante en diable…
Agnès Izrine
*En septembre dernier, une vingtaine de personnes, très majoritairement des femmes, travaillant ou ayant travaillé au sein de la compagnie Troubleyn de Fan Fabre ont publié une tribune dans laquelle elles accusent Jan Fabre de comportement humiliant, de harcèlement ou chantage sexuel. Une enquête a été diligentée par le ministère flamand de la culture. (ndlr)
Ven. 22, sam.23 à 20h, dim.24 à 16h. Durée 3h45. Tél. : 01 40 03 75 75.
Le Grand Bouc, c’est aussi le Sabbat des [...]