La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2014 - Entretien Isabelle Starkier

Isabelle Starkier

Isabelle Starkier - Critique sortie Avignon / 2014 Avignon Théâtre Girasole
Photo DR

Théâtre GiraSole / De Mohamed Kacimi / mes Isabelle Starkier

Publié le 23 juin 2014 - N° 222

Commande d’Isabelle Starkier à Mohamed Kacimi, A la Table de l’éternité réinvente l’histoire de Job. Drôle et grinçante, la pièce interroge l’absurdité des conflits et des croyances aveugles. 

De quelle manière A la Table de l’éternité revisite Le Livre de Job ? 

Isabelle Starkier : Mohamed réinvente l’histoire de Job aujourd’hui : un pays de soleil, de jasmin, de rosé frais et… de snipers sur les toits. Dans son restaurant A la table de l’éternité – gastronomie d’antan vont débarquer le Diable puis Dieu. Thriller fantastique mais aussi comédie grinçante, c’est une pièce drôle qui interroge l’absurdité des conflits, avec quatre personnages. Job – Eric Frey – une sorte de Woody Allen débordé ; sa femme Dalia – Angélique Zaïni – qui le raille de par son scepticisme fondamental mais qui demeure l’unique objet de son désir ; le Diable, un beau jeune homme très “Mort à Venise“ – Frédéric Andrau -, et Dieu, sa mère, superbe et délirante – Francine Bergé.

« Le théâtre peut aussi poser les grandes questions métaphysiques. »

Quelle sorte de relation lie Job à Dieu et à la justice dans la pièce ?

I. S. : Dieu et le Diable refont leur terrible pari : on enlève tout à Job (argent, biens, filles) et on voit s’il continue à croire… « Ici, il n’y pas de pourquoi » disait Primo Levi après Auschwitz. C’est la question que pose l’histoire de Job, question sans cesse renouvelée devant l’injustice de la condition humaine. Dieu est-il là pour donner du sens ? Et en ce cas quel est le sens de ce pari inhumain ? L’enjeu, pour nous, est de ne pas laisser le religieux aux religieux et d’affirmer, aujourd’hui plus que jamais, que le théâtre peut aussi poser les grandes questions métaphysiques. Job, c’est Joseph K. et l’humour est certainement ce qui permet de dénoncer et de révéler l’absurdité d’une croyance aveugle comme celle de la cruauté humaine. Car ce que finissent par enlever Dieu et le Diable à Job, c’est son âme…

Comment la mise en scène concilie-t-elle les dimensions vaudevillesque et métaphysique ?

I .S. : L’écriture de Mohamed est construite sur une joute verbale dont le rythme et les répliques comiques ne cessent jamais. Plus la situation est noire, plus l’humour ressort, comme s’il était l’unique moyen de ne pas se laisser noyer par la tragédie injuste et incompréhensible qui se joue autour d’eux, malgré eux. Le décor permet de jouer sur le double plan du comique et du tragique, du réalisme et de l’onirisme.

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

A la Table de l’éternité
du vendredi 4 juillet 2014 au dimanche 27 juillet 2014
Théâtre Girasole
24B Rue Guillaume Puy, 84000 Avignon, France

Avignon Off. Théâtre GiraSole, 24bis rue Guillaume Puy. Du 4 au 27 juillet à 19h05.  Tél : 04 90 82 74 42. Durée : 1h30.

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur Avignon

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur Avignon en Scènes