Le Festival Passages se consacre à l’Afrique, aux Caraïbes et au Proche-Orient
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Après une mise en scène très personnelle de Bérénice de Racine, c’est une fiction d’aujourd’hui que nous offre en partage Isabelle Lafon. Une histoire où la culture est vécue comme une urgence, une nécessité.
C’est la première fois que vous ne partez pas d’une œuvre existante pour créer un spectacle. Pourquoi ce choix ?
Isabelle Lafon : Après Bérénice, je voulais explorer un type nouveau d’écriture. J’avais envie de me permettre, et de permettre aux comédiens – Marion Canelas, Karyll Elgrichi, Pierre-Félix Gravière, Johanna Korthals Altes et Judith Périllat – davantage de liberté. L’idée de Vues lumière vient aussi de ma découverte d’un centre social du XXème arrondissement, à l’occasion du tournage de mon seul film, un moyen métrage sur ma compagnie Les Merveilleuses. Ce lieu de rencontres entre des personnes très différentes les unes des autres m’a passionnée. J’ai imaginé une histoire située dans ce cadre, et l’ai proposée aux acteurs comme base d’un travail d’improvisation.
Vous qui avez jusque-là surtout mis en scène des femmes de lettres, telles qu’Anna Akhmatova, Virginia Woolf ou Monique Wittig, vous abordez ici une tout autre parole.
I.L. : Les personnages de Vues lumières n’ont en effet pas un rapport naturel à la culture. Esther est employée à La Poste, Fonfon est mécanicienne, Georges ouvrière paysagiste pour la Ville de Paris, Shali assistante maternelle et Martin veilleur de nuit dans un hôtel. Lorsqu’ils découvrent dans leur centre social une affiche proposant un « Atelier sans animateur, un atelier pour s’instruire, pour apprendre », ils répondent présents. Ce qui représente pour eux une forme de mise en danger.
On retrouve là votre intérêt pour la pensée dans l’urgence. Dans la précarité. Quelle est ici la nature de cette urgence ?
I.L. : Elle est liée à une revendication du droit à l’imaginaire, à la culture et à la pensée, qu’a tendance à s’accaparer une certaine élite dont le milieu du théâtre fait souvent partie. Pour ce petit groupe, penser est une conquête. Ce que je veux montrer non seulement à travers des scènes de réunion au centre social, mais aussi en m’intéressant au hors champ. À ce qui se passe pour ces personnes quand elles rentrent chez elles. Je voudrais qu’en tant que comédiens, nous ressentions une fragilité comparable à celle de nos personnages.
Vous employez souvent le champ lexical du cinéma, présent aussi dans le titre de la pièce, qui désigne les premiers films des frères Lumière. Comment le 7ème art sera-t-il présent dans Vues lumière ?
I.L. : Dans l’écriture déjà, qui comme les vues Lumière posera de manière centrale la question du hors champ. Que choisir de montrer ? Que laisser à l’imagination du spectateur ? Le cinéma est aussi présent dans le récit. Dans son atelier, le groupe projette des films, et un des personnages, qui est une sorte de contrepoint, est une ancienne monteuse de cinéma. Plus facilement peut-être que le théâtre, le 7ème art peut avoir une place importante dans une vie. Il peut accompagner, aider à changer.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h. Tel : 01 44 62 52 52.
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