Ionesco Suite
Entretien / Emmanuel Demarcy-Mota
Théâtre des Abbesses / d’après Eugène Ionesco / direction Emmanuel Demarcy-Mota
Publié le 18 décembre 2012 - N° 205
De la Comédie de Reims au Théâtre de la Ville, Emmanuel Demarcy-Mota et sa troupe de comédiens ne cessent, depuis 2005, d’interroger et de réinterroger l’écriture d’Eugène Ionesco. Travail d’exploration et d’expérimentation mené au plus près du public, cette troisième version de Ionesco Suite est composée de fragments de Jacques ou la soumission, Délire à Deux, La Cantatrice chauve, La Leçon et Exercices de conversation et de diction française pour étudiants américains.
« L’idée était d’inventer une forme qui permette de donner aux acteurs un espace maximal de recherche. »
Le travail que vous effectuez pour Ionesco Suite n’est pas, à proprement parler, un travail de mise en scène. De quoi s’agit-il ?
Emmanuel Demarcy-Mota : C’est une démarche faite pour une troupe. Une démarche qui souhaite mettre en avant les activités de recherche des acteurs, qui vient interroger leur place dans le travail. Il faut rappeler qu’initialement (ndlr, en 2005) Ionesco Suite accompagnait la création de Rhinocéros. Au-delà même de la volonté d’approfondir notre connaissance de l’œuvre de Ionesco, l’idée était d’inventer une forme qui permette de développer la liberté créative des acteurs, de leur donner un espace maximal de recherche, de créer les conditions d’un exercice assez libre.
Cela en travaillant dans un rapport de grande proximité avec le public…
E. D.-M. : Oui. Le dispositif est très simple : tout se passe avec une table et des chaises. Le public – au maximum 250 personnes – est installé sur des gradins qui entourent les acteurs. En instaurant une aussi grande proximité, nous avons souhaité poser la question du rapport entre l’acteur et le spectateur. Dans Ionesco Suite, les comédiens jouent en pleine conscience de ceux qui les regardent.
Ainsi, le public n’est plus une masse abstraite, mais un rassemblement visible, palpable d’individualités. Il faut également dire que la légèreté de ce dispositif nous a permis, durant toutes ces années, de sortir des villes et des théâtres, de nous déplacer dans toutes sortes d’endroits, toutes sortes de lieux atypiques. Nous sommes partis à la rencontre d’autres publics.
Comment avez-vous choisi les extraits de textes qui composent cette proposition ?
E. D.-M. : Au départ, il y a eu un véritable travail de laboratoire mené par les acteurs. Ils se réunissaient, lisaient, effectuaient des improvisations, me faisaient des propositions sur des passages de pièces… Mon rôle était un peu d’intervenir comme un œil extérieur. Nous avons fonctionné de cette façon durant plus d’un an et, à partir d’un corpus énorme, avons élaboré un spectacle. Evidemment, il s’agit d’une forme en évolution constante, d’une forme qui demande, lors de chaque nouvelle étape de travail, à être requestionnée. La version que nous présentons aujourd’hui est donc, en partie, constituée de nouveaux fragments de textes. Ionesco Suite est une aventure qu’il faut régulièrement nourrir. Ce n’est pas qu’un spectacle en tournée. C’est une proposition qui doit rester vivante, que l’on doit continuellement continuer d’enrichir.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
Ionesco Suitedu jeudi 10 janvier 2013 au jeudi 31 janvier 2013
Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses, 75018 Paris.
Du 10 au 31 janvier 2013. Réservations au 01 42 74 22 77. Tél. : 01 42 74 22 77. Horaires sur www.theatredelaville-paris.com.