Introspection
Gwenaël Morin poursuit l’aventure du Théâtre permanent et signe une mise en scène d’une remarquable justesse qui donne à l’introspection critique de Peter Handke toute son acuité.
« Je suis venu au monde. J’ai été conçu. Engendré. Mes os se sont formés. Je suis né. Consigné au registre des naissances. J’ai grandi. » Ces premiers mots, lâchés d’un trait sec, ouvrent Introspection, récit taillé à froid dans l’infinie litanie des repentances et dissidences, des faits, méfaits et défaites d’une vie. De phrase en phrase, tirée en rafales méthodiques, se pose en actes l’histoire d’un être qui apprend son métier d’homme. Jeté hors d’enfance par la conscience du monde, le « je » réclame son existence, se forge dans le regard et le langage, dans le fracas du moi contre les autres. Règles et règlements, transgressions et omissions, désobéissance, résistance, contradictions et soumission : ce « je » découvre le « nous », s’y heurte, s’y fond et s’y confond, s’affirme au cœur du nous, dans son individualité, sa singularité plurielle. En quelques pages qui claquèrent les esprits en 1966, Peter Handke trouble les conventions du théâtre et joue des codes de l’autocritique dans l’aveu d’une humanité qui se cherche, s’invente, parfois défaille.
Introspection, de Peter Handke, mise en scène de Gwenaël Morin. Du 6 au 20 octobre, à 19 h 30 sauf dimanche à 15 h 30, relâche les 10, 15 et 16 octobre. Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, 75011 Paris. Rens. : 01 43 57 42 14 et www.theatre-bastille.com. Durée : 45mn. Texte publié à L’Arche.