Les éternels
Après L'architecture du hasard, Gilles [...]
Pour sa 16e édition, le festival Instances retrouve les murs de l’Espace des Arts rénové, pour nous offrir un point de vue original sur la danse internationale.
Instances, ce petit festival entièrement consacré à la danse, est depuis 16 éditions ancré à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône. Ne cédant jamais aux sirènes de la nouveauté ni au goût du moment, il invite le plus souvent des artistes singuliers de la création chorégraphique contemporaine internationale, et des personnalités à découvrir absolument. Mais surtout, Instances, créé par Philippe Buquet à son arrivée à la tête de l’Espace des Arts, cherche toujours à déchiffrer comment le corps fait sens sur un plateau et fait donc appel à des artistes impliqués dans cette recherche. Cette 16e édition se place sous le signe de la passion et de la rébellion, avec, notamment, un trio de catalans impertinents. Après Pere Faura, et son solo plein d’irrévérences qui mixe John Travolta et De Keersmaeker, Marina Mascarell qui s’intéresse à la féminité dans Three Times Rebell, on retrouvera La Veronal de Marcos Morau, avec Pasionaria. Pour ce Catalan de souche la passion est l’ultime refuge de la résistance, ce qui nous pousse à nous battre et à tenir debout, ce qui fait de nous des hommes plutôt que des robots. Résistance, le mot est lancé. En écho, on entend Soulèvement, titre de la dernière pièce de Tatiana Julien, qui sera créée justement à Instances.
La danse en mouvance
Il faut dire que depuis toujours, Philippe Buquet aime à proposer un regard sur notre société d’aujourd’hui, à travers des œuvres fortes. C’est pourquoi l’Afrique fait régulièrement partie de la programmation du festival. Cette année, Serge Aimé Coulibaly reviendra avec Kirina, sa dernière création en compagnie de la chanteuse Rokia Traoré, et Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek présenteront la Première de Ces gens-là, une création qui s’insurge contre la fatalité ordinaire. Ce sera aussi l’occasion de découvrir Mon Homonyme, la toute première pièce d’un jeune chorégraphe burkinabé, Luc Sanou. C’est Alban Richard qui clôturera cette édition avec Fix Me, une création avec quatre danseurs, des projections de films, une composition lumineuse stroboscopique et une musique originale d’Arnaud Rebotini (le compositeur oscarisé de 120 battements par minutes), pour « mettre en mouvements les forces de la harangue et de l’exhortation ». Voilà qui correspond parfaitement à ce festival, un parcours sensible porté par des artistes qui, ensemble, cherchent à dire le monde qui nous entoure.
Agnès Izrine
Tél. : 03 85 42 52 12.