Dans la solitude des champs de coton : comme déplacée et éclairée d’un jour nouveau dans la mise en scène de Kristian Frédric
Le metteur en scène Kristian Frédric projette [...]
Grégory Montel rend hommage à Claude Nougaro qu’il admire beaucoup. Il invente le personnage de Mathias, sosie du chanteur égaré par la ferveur. Un spectacle un peu trop sage où l’imitation peine à se faire création.
Dans son grand appartement presque entièrement vidé par les huissiers, Mathias, quadragénaire à la dégaine de taurillon, ressasse son projet : interpréter Claude Nougaro, auquel il voue une adoration sans limites, dans un film qui retracerait sa vie et sa carrière. Le procédé de mise en abyme est clair : Grégory Montel joue Mathias, qui voudrait bien jouer Claude Nougaro, en jouant Claude Nougaro afin que tous ceux qui le vénèrent s’y retrouvent. Et puisque Mathias est un brin illuminé et peine à démêler le paradoxe du comédien, on ne peut pas reprocher ce défaut à celui qui incarne Mathias. L’embrouillamini est total et le texte de Charif Ghattas manque singulièrement de distance, autrement dit d’humour. On assiste à la possession d’un artiste par un autre, sans vraiment saisir qui est le dieu et qui est la pythie. Pourtant, les artistes réunis par ce spectacle ne manquent pas de talent, loin s’en faut.
Sincérité sans audace
Grégory Montel est un bon comédien et ses imitations de Claude Nougaro sont bluffantes. Lionel Suarez, qui a accompagné Nougaro et qui est un immense musicien, interprète le clown blanc de ce duo dont Grégory Montel est l’auguste. Muet et quasi impassible, il est le pivot du spectacle. Celui-ci tient grâce aux respirations musicales que l’accordéoniste offre au texte réitératif, anecdotique, sans grand intérêt et assez lourd. La scénographie de Laure Montagné est astucieuse, en ce qu’elle invente de beaux supports aux lumières de Gaspard Gauthier. Mais le spectacle n’a ni la folie tragique et drôle de Podium ni celle de Marguerite. Le personnage de Mathias reste sans épaisseur, écrasé entre celui qui l’incarne et celui qu’il imite. Les aficionados de Claude Nougaro auront le bonheur d’entendre Lionel Suarez et peut-être le plaisir de retrouver les bribes des chansons qu’ils aiment. Mais la componction dévote de l’hommage manque de ces virevoltants emportements qui font les grandes histoires d’amour.
Catherine Robert
Du mercredi au samedi à 19h ; dimanche à 15h. Relâche les 11 et 12 mars. Tél. : 01 46 06 49 24. Durée : 1h15.
Le metteur en scène Kristian Frédric projette [...]