Huit saisons de Vivaldi / Piazzolla au Musée de l’Armée et d’une tournée de l’Orchestre national d’Île-de-France

Même après des décennies d’utilisation ad nauseam — de l’ascenseur au répondeur téléphonique en passant par les publicités pour l’automobile ou à peu près n’importe quoi — Les Quatre Saisons de Vivaldi gardent intacte leur fraîcheur. Ces quatre concertos, jalons de l’écriture virtuose, continuent aujourd’hui encore de nous « parler », tant par la force intemporelle de leur mimétisme descriptif que par leur forme captivante, tout en contrastes. Redécouverts au XX^e siècle, imposés au répertoire — et au disque — par les violonistes, génération après génération, ils ont connu nombre de transcriptions pour les instruments les plus divers (de la flûte à l’accordéon) avant d’être remis sous la loupe d’interprètes « historiquement informés ».

Entre 1965 et 1970, l’Argentin Astor Piazzolla composait à son tour ses Quatre saisons de Buenos Aires (« Las Cuatro Estaciones Porteñas »), dans l’esprit du tango mais qui n’oublient pas d’adresser ses clins d’œil à Vivaldi, y compris quelques citations littérales, à deux siècles et demi de distance. Dans leur version pour violon et orchestre de chambre, réalisée après la mort de Piazzolla par le compositeur russe Leonid Desyatnikov, le rapprochement avec les pages de Vivaldi se fait plus évident encore et se prête bien à une interprétation successive (ou entrecoupée) des deux corpus. Un plaisir que ne boudent ni les formations de chambre comme Les Dissonances de David Grimal (le 16 décembre), ni les orchestres symphoniques tel l’ONDIF conduit par l’archet de Rosanne Philippens.

Jean-Guillaume Lebrun