La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La musique contemporaine dans tous ses états

Un univers en redéfinition permanente

Un univers en redéfinition permanente - Critique sortie
Légende : L'Ensemble intercontemporain, acteur de la musique contemporaine depuis 1976. © DR

Publié le 15 novembre 2013

La musique contemporaine, c’est, littéralement, celle qui est composée aujourd’hui, la musique en train de se faire. Pourtant, au-delà de cette évidence, il n’est pas si simple d’en tracer les contours.

C’est dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale que l’on peut véritablement parler d’invention de la « musique contemporaine », comme genre à part entière. Le terme dès lors renvoie à des conceptions nouvelles du rôle et des possibilités de la musique savante, en rupture avec plusieurs siècles de tradition classique. Dans ces années d’après-guerre, la musique apparaît à la jeune génération comme devant être reconstruite sur de nouvelles bases, comme devait alors l’être le monde. En France, la classe d’analyse qu’Olivier Messiaen (1908-1992) anime au Conservatoire de Paris est le lieu où se révèlent les idées nouvelles, inspirées par la découverte des œuvres de Bartók ou de  l’École de Vienne (Schoenberg, Webern, Berg), qui deviennent des modèles au même titre que le Stravinsky du Sacre du printemps. La musique contemporaine se confond dès lors avec celle de l’avant-garde : il s’agit de rien de moins que d’élaborer un nouveau langage musical, dégagé des ruines de l’académisme.

Une musique internationale

Cette musique contemporaine est, dès l’origine, pensée comme internationale : finies les réminiscences folkloriques de Falla, Sibelius ou même Bartók. Elle se bâtit ses lieux de rencontres tels les cours d’été de Darmstadt où se retrouvent Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, et les Italiens Luciano Berio, Bruno Maderna, Luigi Nono (tous nés entre 1920 et 1928). C’est donc cela, la musique contemporaine : une musique de la table rase, une musique en rupture. Une musique en éclats aussi puisque, à ce moment même – y compris à Darmstadt – la musique sérielle n’est qu’une voie parmi d’autres de la musique nouvelle. Des compositeurs comme Hans Werner Henze (1926-2012) ou Mauricio Kagel (1931-2008), qui appartiennent peu ou prou à la « génération de Darmstadt », adoptent très vite un style en rupture avec l’avant-garde. Ou plutôt : ils développent leur style propre, en fonction de leur préoccupations esthétiques.

Repousser les frontières

La musique contemporaine n’existe que tant qu’elle a l’énergie de repousser les frontières. Elle le fait en s’éloignant des formes établies par la tradition classique – avec les « œuvres  ouvertes » d’Henri Pousseur (1929-2009) ou André Boucourechliev (1925-1997) – ou en se rapprochant d’autres mondes sonores comme le jazz ou les musiques extra-européennes. La musique contemporaine ne peut non plus se comprendre sans référence à l’environnement technologique, en pleine évolution dans ce XXe siècle industriel (et le XXIe  post-industriel) : les techniques d’enregistrement, l’électronique puis l’informatique forment un horizon omniprésent, rendant possible d’autres créations sonores et d’autres moyens de diffusion. Et la musique contemporaine aujourd’hui continue d’avancer. On la dit parfois coupée du monde et du public ? C’est tout son contraire : elle est vivante, offerte, multiple, et pleinement de son temps, chaque compositeur exprimant sa manière de vivre le monde.

 

Jean-Guillaume Lebrun

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