La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La formation théâtrale en France

Propos recueillis Christine Gagnieux : « Aujourd’hui, on ne peut prendre cette voie que si on a vraiment le désir de renverser des montagnes. »

Propos recueillis
Christine Gagnieux : « Aujourd’hui, on ne peut prendre cette voie que si
on a vraiment le désir de renverser des montagnes. » - Critique sortie

Publié le 10 mars 2011

Formée au Conservatoire dans la gloire joyeuse des années 70 et professeur au
Conservatoire du 13e arrondissement à Paris, Christine Gagnieux enseigne comme
elle joue : avec force et passion.

La formation

« J’ai commencé le théâtre à Lyon, dans le petit cours privé de Pierre Casari
duquel je suis sortie pour entrer au Conservatoire de Lyon où enseignait
Jean-Louis Martin-Barbaz, pédagogue magnifique. J’ai fait ensuite un an de régie
à la Rue Blanche et me suis présentée au Conservatoire pour la seule raison que
Vitez y était prof et que j’avais vu à Nanterre sa mise en scène de La grande
Enquête de François-Félix Kulpa
, qui m’avait enthousiasmée. Entrée dans la
classe de Louis Seigner, j’ai réussi à passer dans celle de Vitez et ai suivi
pendant deux ans son enseignement et celui de Debauche qui avait un atelier au
Conservatoire. J’ai ensuite très vite travaillé avec Vitez car il embauchait ses
élèves. »

Le métier

« Je suis comédienne et intermittente du spectacle. Heureusement qu’existe ce
statut ! Quand j’ai commencé, c’était un métier difficile mais on pouvait
travailler. J’ai décroché un premier contrat au TNP avec Chéreau : à l’époque,
après leur création, les spectacles partaient six mois en tournée. On n?était
pas du tout dans la même économie qu’aujourd’hui. J’ai eu aussi la chance de
faire des voix, de la radio, de la télé : on en faisait quand on en avait
besoin. Jeune, je n?ai pas connu de galère. Nous étions de vraies vedettes de
théâtre, nous n?ambitionnions pas l’image mais faisions simplement notre
travail. Ce métier est devenu plus difficile qu’il n?était. Même si j’ai une
réputation de valeur sûre, je ne me sens à l’abri de rien. J’appartiens à une
génération d’enfants gâtés du théâtre pour lesquels les choses semblaient
presque faciles. Aujourd’hui, on ne peut prendre cette voie que si on a vraiment
le désir de renverser des montagnes. »

« L’intellectualisme assommant n?a pas sa place au théâtre qui est avant tout
un métier où le corps et la tête doivent être en parfaite symbiose. »

L’enseignement

« Ça a été une chance folle de travailler avec Vitez : il y a des choses qui
vous fondent, qui constituent un ciment sans être un carcan. Vitez faisait
confiance autant à la personne qu’au comédien. Je crois qu’être pédagogue, c’est
essayer d’être au plus près des personnes, voir, comme lui, au-delà de
l’enveloppe et donner confiance. Je n?ai pas retenu les leçons de Vitez comme
une religion. Je ne tire pas d’instruction de ses écrits et je refuse d’enfermer
mes élèves dans ce que j’ai lu, écouté ou appris des méthodes.
L’intellectualisme assommant n?a pas sa place au théâtre qui est avant tout un
métier où le corps et la tête doivent être en parfaite symbiose, dans un
équilibre permanent qu’on apprend autant sur un plateau que dans la vie. On
enseigne toujours en induisant une éthique de son métier. »

Propos recueillis par Catherine Robert

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