Le compositeur belge et le metteur en scène suisse travaillent ensemble depuis plus de quinze ans, jalonnés par quatre magnifiques ouvrages lyriques.
Depuis La Ronde, son deuxième opéra, créé en 1993 au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, Philippe Boesmans (né en 1936) ne s’est jamais départi de son goût pour les grandes œuvres littéraires, qui lui fournissent la matière d’ouvrages lyriques inventifs, même s’ils conservent une structure relativement classique. Il s’agit bien là d’opéra, non de théâtre musical, dans l’acception d’expérimentation formelle que revêt l’expression. La théâtralité cependant est indéniable dans chacun des ouvrages, que ce soit La Ronde (d’après Arthur Schnitzler), Le Conte d’hiver (d’après Shakespeare), Julie (d’après August Strindberg) ou, dernièrement, Yvonne, princesse de Bourgogne (d’après Witold Gombrowicz). Sans doute peut-on y reconnaître la trace de la collaboration suivie, depuis La Ronde, avec Luc Bondy, à la fois librettiste et metteur en scène. Philippe Boesmans et Luc Bondy reforment ainsi en quelque sorte le couple mythique du compositeur et de son librettiste, comme aux époques de Mozart et Da Ponte, de Verdi et Piave ou de Strauss et Hofmannsthal – une complicité rassurante à l’heure où de nombreux compositeurs cherchent vainement un livret adéquat pour leurs désirs d’opéra.
J-G. Lebrun