La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Le cirque tous azimuts ! 2020

Ogre de Samantha Lopez

Ogre de Samantha Lopez - Critique sortie  Lannion Carré Magique
Samantha Lopez Crédit : André Rosenfeld

Propos recueillis
Samantha Lopez

Publié le 3 octobre 2020

Trapéziste et chanteuse, Samantha Lopez est cofondatrice de la compagnie June. Dans son nouveau spectacle, elle explore l’excitation et la frayeur pour y trouver l’apaisement d’une réconciliation avec l’ogre qui sommeille en soi.

« Ogre : je trouve que ce mot sonne bien en bouche… J’aime sa matière, sa consistance, et même si je laisse à chacun la possibilité de choisir ce qu’il raconte, pour ma part, je le trouve assez rigolo… Ce mot fait à mes yeux référence à tous les ogres. Ceux qu’on peut être pour soi, ceux qu’on est pour les autres… Il renvoie aussi à une figure archaïque, ancestrale, profonde, enfouie… Celle du dévoreur de temps, d’enfance, d’enfants, de vieilles personnes, et j’entends mes aïeux en écho quand je dis ce mot. L’ogre est à la fois monstrueux et magnifique ; pas forcément terrifiant mais impressionnant. Le nom du spectacle reste en résonnance permanente mais le spectacle n’a pas pour but de l’illustrer de façon réaliste. Ce spectacle explore la voracité, l’envie viscérale de bouffer la vie, plutôt que la figure du gros vilain méchant des contes de fées. Nous autres, êtres humains si complexes, sommes des ogres.

Comme un blues viscéral

Le spectacle s’organise en trois actes. D’abord un grand vide (ou un grand plein, plein du rien du plateau !) dont j’appréhende la grande solitude. Mais je ne suis pas tout à fait seule puisqu’il y a, déjà présent, quelque chose de très puissant, hors des limites du chant, qui est comme le souffle de la vie. Au bout de trente minutes, s’opère une bascule dans l’esthétique, la narration et le registre. Comme une clepsydre qui se retourne quand elle est pleine. On change alors de monde, l’air de rien : le chant se métamorphose. Jusqu’à un troisième acte, espèce de révélation, comme une fleur qui s’épanouit en faisant éclater ses couleurs. La cohabitation du chant, du trapèze et du souffle est loin d’être évidente : la respiration du trapèze, qui est celle d’un corps en tension, n’est pas la même que celle du chant. Ce n’est pas la musique qui habille le trapèze mais presque l’inverse… Et pas seulement… C’est plus subtil que ça, comme un blues qui naîtrait avec le mouvement. Le trapèze est comme une ponctuation dans ce spectacle, un peu comme le cirque, qui sollicite le corps à l’extrême, est une sorte de ponctuation magnifique et terrible dans la vie d’un être humain. »

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Ogre de Samantha Lopez
du mardi 3 novembre 2020 au jeudi 5 novembre 2020
Carré Magique
Parvis des Droits de l'Homme, 22300 Lannion

Tél. : 02 96 37 19 20.

Puis du 13 au 15 novembre au Mans fait son cirque ; le 20 à Inzinzac-Lochrist ; le 8 décembre à Saintes et du 15 au 17 décembre au Quartz, scène nationale de Brest.

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le spectacle vivant

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le spectacle vivant