Mam’zelle Nitouche, Les P’tites Michu, Hérodiade

Carmen, Faust, Pelléas et Mélisande ou Werther : les opéras français ne sont pas légion à connaître régulièrement l’honneur d’un retour sur scène. L’Opéra de Marseille, sous l’impulsion de son très francophile directeur musical Lawrence Foster, remet cette saison à l’affiche Hérodiade de Massenet, un ouvrage bien plus rare que Werther ou Manon – moins subtil aussi peut-être, mais riche en effets dramatiques et porté par une orchestration puissante. L’Opéra de Marseille s’est tourné vers la production de Jean-Louis Pichon, maître d’œuvre de la redécouverte du compositeur dans les années 1990 et 2000 ; déjà ancienne (2001), cette mise en scène est diablement efficace. Pour ce joyau de l’opéra français, Lawrence Foster a réuni une distribution rompue à ce répertoire : Béatrice Uria-Monzon dans le rôle-titre, la grande Inva Mula dans le rôle éprouvant de Salomé, ainsi que Florian Laconi, Jean-François Lapointe et Nicolas Courjal.

L’art de la légèreté

C’est cependant du côté du répertoire léger que les redécouvertes sont les plus nombreuses ces dernières années. La compagnie Les Brigands, qui en a fait le cœur de son répertoire, a ainsi présenté sur de nombreuses scènes Les Chevaliers de la Table ronde d’Hervé. Le Palazzetto Bru Zane de Venise, déjà partie prenante pour cette production, récidive et confie de nouveau à Pierre-André Weitz la mise en scène d’une œuvre d’Hervé, tout aussi pleine de verve et de quiproquos : Mam’zelle Nitouche, pour des représentations à Toulon puis à Nantes. Toujours à Nantes (mais aussi à Angers et Paris à l’Athénée) et toujours avec l’indispensable concours du Palazzetto Bru Zane, Les P’tites Michu d’André Messager sont une belle illustration de ce genre à part entière qu’est l’opérette française, où la légèreté n’empêche pas la finesse d’écriture, qui regarde ici davantage vers Fauré qu’Offenbach. La compagnie Les Brigands a choisi le jeune metteur en scène Rémy Barché, fin observateur de la société contemporaine, pour redonner son actualité et son piquant à l’œuvre de Messager.

J.-G. Lebrun