La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Spécial Opéra - Saison Lyrique 2017-2018

L’opéra ne meurt jamais

L’opéra ne meurt jamais - Critique sortie Classique / Opéra
Photo : Giordano Bruno de Francesco Filidei mis en scène par Antoine Gindt. © Philippe Stirnweiss

L’opéra et la création contemporaine
DOSSIER

Publié le 27 septembre 2017 - N° 258

Trop souvent réduite à la portion congrue par les maisons d’opéra, la création contemporaine continue cependant de renouveler le théâtre lyrique.

Une chose est sûre : il n’y a plus aujourd’hui de Rossini. Aucun compositeur n’a l’occasion d’une création par saison – et aucun non plus ne peut se réjouir de voir ses ouvrages repris plusieurs années durant. S’il fallait comparer avec quelque figure du passé, ce serait plutôt Monteverdi ou Mozart : il n’y a guère aujourd’hui de compositeurs d’opéra au sens exclusif du terme, plutôt des créateurs pour qui la réalisation d’une œuvre lyrique constitue une manière de synthèse ou d’achèvement. Francesco Filidei, auteur avec son Giordano Bruno (2015) de l’une des œuvres lyriques majeures du 21e siècle naissant, n’est venu à l’opéra qu’après avoir peu à peu élaboré son propre langage musical et dramatique. De même, le cheminement de George Benjamin jusqu’à Written on skin (2012) est-il balisé de jalons pour voix et orchestre (A Mind of Winter, Upon Silence, Sometime Voices) avant un premier opéra au matériau resserré (Into the Little Hill, 2006), mais aussi d’œuvres purement instrumentales dans lesquelles se dessinent les intentions dramatiques du compositeur (de Ringed by the Flat Horizon à Duet).

S’émanciper ou non des contraintes

Il y aurait plutôt du Richard Strauss chez des compositeurs comme Peter Eötvös, Philippe Boesmans, Philippe Manoury ou Pascal Dusapin, qui au gré des commandes ou de leur inspiration, s’adonnent à l’opéra en en modifiant la forme et le format. Tantôt penchant vers le « grand opéra » plus traditionnel (K. de Manoury, Penthésilée de Dusapin, Love and Other Demons d’Eötvös, Akhmatova de Bruno Mantovani) quand il s’agit de répondre à la commande d’une institution lyrique, tantôt basculant dans la plus pure invention (Medea ou To be sung de Dusapin, Lady Sarashina d’Eötvös ou Kein Licht de Manoury). C’est que, depuis le 20e siècle, l’art lyrique s’est ouvert des chemins divergents, en particulier à travers le théâtre musical. Toutefois, mêmes ceux qui ont toujours préféré s’émanciper des contraintes de la machine opéra s’en rapprochent parfois, tel Georges Aperghis, grand inventeur de formes lyriques étranges, qui s’était laissé tenter par les sirènes d’un opéra presque conventionnel (Les Boulingrin, 2010). Tant qu’il saura se réinventer, l’opéra ne mourra pas. Quelques grandes réussites récentes autorisent un certain optimisme.

 

Jean-Guillaume Lebrun

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