La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Les formations artistiques

L’institut technologique européen des métiers de la musique

L’institut technologique européen des métiers de la musique - Critique sortie
Séance de travail dans l’atelier vents de l’Itemm. Crédit : Itemm-Le Mans

Publié le 10 octobre 2009

Situé au Mans, cet établissement forme notamment les futurs réparateurs et fabricants d’instruments.

Les gestes sont précis, minutieux. Dans l’un des ateliers de l’Itemm (Institut technologique européen des métiers de la musique), Christophe est en train d’apprendre à souder une trompette. Agé d’une quarantaine d’années, cet élève est en pleine reconversion professionnelle : « Je suis intermittent du spectacle en classique et en jazz. Mais j’en ai eu ras-le bol d’être toujours sur les routes et j’ai souhaité passer, d’une certaine façon, de l’autre côté de la barrière. Mon but est maintenant d’ouvrir un magasin d’instruments en Bretagne. » Christophe n’est pas le seul à se retrouver au Mans pour changer de vie. Formateur pour les accordeurs de piano, Patrick Sinigaglia nous le confirme : « Cette année, j’ai des élèves issus de l’aéronautique, de l’industrie pharmaceutique ou même de la gestion. Mais ils ont tous une même passion pour la musique. » Situé sur le campus de l’Université du Mans, l’Itemm accueille chaque année un peu moins de trois cents élèves, majoritairement dans le domaine de la facture instrumentale (guitare, piano et vents). Ces derniers suivent un CAP (Certificat d’aptitude professionnelle) ou un BMA (Brevet des métiers d’arts). « En septembre prochain, nous mettrons en place, pour l’après-BMA, un DMA (Diplôme des métiers d’arts), d’une durée de deux ans en alternance. Certains élèves auront donc suivi, au total, six ans de formation et auront alors eu une très bonne préparation au métier de facteur », explique Franck Fumoleau, directeur de l’Itemm.

Régisseur-son et personnel commercial

L’Itemm ne se cantonne toutefois pas à la facture instrumentale. On y forme également des régisseurs son et du personnel commercial lié au secteur musical. Loin de l’ambiance sonore des ateliers de réparation d’instruments, c’est devant un ordinateur dernier cri que l’on rencontre Frédéric. Inscrit en filière régie son, cet élève de vingt-huit ans est en train de refaire la bande-son d’un dessin animé de Pixar. « J’étais auparavant musicien dans un orchestre militaire. Mais j’ai préféré opter pour une autre voie, notamment en raison du contexte économique actuel. Je souhaite maintenant travailler dans la production multimédia. » Cette diversité des formations a un coût : doté d’un budget annuel de trois millions d’euros, l’Itemm est soutenu par différentes institutions, notamment les Ministères de la culture, de l’éducation nationale et de l’artisanat. Mais comme l’indiquent ses initiales, l’Itemm a également reçu une aide non négligeable de l’Europe, dont l’apport lui a permis de s’installer, en 1994, dans un bâtiment de 4 000 m2. Aujourd’hui, l’Itemm, et en particulier son pôle Recherche et innovation, se lance dans un nouveau défi, en se mobilisant, aux côtés de l’Université du Mans et de différentes écoles d’ingénieurs, pour créer, dans le chef-lieu de la Sarthe, un institut européen d’acoustique. Un projet actuellement à l’étude dans le cadre du Grand emprunt mis en place par le gouvernement.

Antoine Pecqueur


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Ecole nationale de lutherie de Mirecourt

La ville des Vosges accueille les jeunes élèves luthiers dans le cadre du Diplôme des métiers d’arts.

La création en 1970 de l’Ecole de Mirecourt a bouleversé le métier de luthier. Jusqu’alors, cette discipline s’enseignait directement dans les ateliers, de maître à élève. C’est le luthier Etienne Vatelot qui a souhaité unifier cette pratique en créant un lieu de formation. Cela ne pouvait être qu’à Mirecourt, commune du département des Vosges dont la tradition de lutherie musicale remonte au XVIIème siècle. Pour intégrer cette école, située au sein du lycée Jean-Baptiste Vuillaume (célèbre luthier né à Mirecourt en 1798), les aspirants luthiers doivent aujourd’hui être titulaires du baccalauréat ou d’un équivalent pour les élèves étrangers. Précision importante : il n’y a pas de limite d’âge pour l’inscription. Après une sélection sur dossier et un entretien pour les plus chanceux, entre sept et dix candidats sont retenus chaque année. Ils doivent tout d’abord effectuer une année dite de « mise à niveau ». Le planning est bien rempli : 24 heures en atelier, 10 heures d’enseignements généraux, sans oublier la pratique obligatoire d’un instrument. Les élèves luthiers se retrouvent ensuite en première année de Diplôme des métiers d’arts. Le but est alors d’arriver à construire un violon et un alto, tout en suivant des cours d’enseignements généraux et artistiques. En deuxième année, les étudiants se limitent à la pratique : ils doivent fabriquer soit un violoncelle, soit deux violons, soit deux altos. Et en fin d’année, ils présentent leur projet à un jury. Selon les dires de l’Ecole, la totalité des étudiants trouve un emploi à l’issu de la formation. Les responsables réfléchissent désormais à proposer une année complémentaire destinée aux instruments anciens. A noter qu’outre cet établissement public, il existe également à Mirecourt une école privée de lutherie, créée en 2003 par Jean-Jacques Pagès.

Antoine Pecqueur


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Centre national de formation d’apprentis facteurs d’orgues

Les futurs facteurs et tuyautiers d’orgues se forment à Eschau, au sud de Strasbourg.

Le célèbre facteur d’orgue du XIXème siècle, Aristide Cavaillé-Coll, disait que l’Alsace était « le pays des orgues ». Cette région possède effectivement un nombre important d’instruments, notamment plusieurs orgues baroques construits par la célèbre famille Silbermann. Rien d’étonnant donc à ce que le Centre national de formation d’apprentis facteurs d’orgues soit basé à Eschau, au sud de Strasbourg. Créé en 1985 et dirigé actuellement par Françoise Lefevre, il forme aux CAP de facteur d’orgues et de tuyautier d’orgues. Au cours de ce cursus, l’étudiant peut être amené tout autant à participer à la construction d’un instrument neuf qu’à œuvrer à la restauration d’instruments du passé. Ces métiers nécessitent la maîtrise de différents types de matériaux : bois, métal, peaux… En plus de l’apprentissage dans une entreprise, les élèves sont appelés à suivre différents cours au Centre, aussi bien professionnels (depuis la décoration des buffets d’orgue jusqu’à des notions de musicologie et d’acoustique) que généraux, avec notamment de l’éducation physique et sportive. Le cursus se fait en alternance, à raison de quatre semaines en apprentissage et deux semaines en cours. Le Centre est équipé d’ateliers, de salles de dessin technique ainsi que d’une salle de deux cents places équipée d’un orgue. Reste à savoir si la profession de facteur d’orgues n’est aujourd’hui pas menacée indirectement par la baisse des pratiques religieuses.

Antoine Pecqueur

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