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La musique Baroque en France

Les orchestres modernes à la sauce baroque

Les orchestres modernes à la sauce baroque - Critique sortie
Légende : Pour Paavo Järvi, « il ne faut pas que la musique baroque et classique devienne la propriété des ensembles spécialisés. » Mention : Sheila Rock.

Publié le 10 juillet 2008

Les orchestres modernes à la sauce baroque

Les formations parisiennes se mettent de plus en plus à la musique ancienne, non sans rencontrer quelques difficultés… Explications avec le chef d’orchestre Paavo Järvi, qui prendra la tête de l’Orchestre de Paris en 2010.

Dans les rangs des orchestres modernes, les interprètes sur instruments anciens ont été longtemps brocardés comme « jouant faux et s’accordant durant la moitié du concert». Mais peu à peu, la tendance évolue. De nombreux spécialistes, comme Ton Koopman ou Thomas Hengelbrock, dirigent ainsi les phalanges parisiennes dans des programmes classiques ou pré-romantiques. Et surtout, une nomination est emblématique de l’ouverture des orchestres modernes : Paavo Järvi succèdera à Christoph Eschenbach en 2010 à l’Orchestre de Paris. Le chef letton a déjà dirigé l’Orchestre de l’Age des Lumières, sur instruments anciens, et vient de sortir un disque Beethoven à la vision dépoussiérée. Va-t-on entendre des musiques anciennes à l’Orchestre de Paris’ « On a trop peur de jouer Haydn, Mozart dans les orchestres modernes, explique Paavo Järvi. C’est triste qu’on perde ce répertoire, et même Bach. Maintenant, des gens osent de nouveau. C’est un grand challenge de faire la musique de la période classique sans être trop anxieux des critiques. Il nous faut appliquer ce qu’on a appris lors des dernières vingt années de personnalités comme Roger Norrington ou Nikolaus Harnoncourt. Je vais essayer de régulièrement présenter cette musique à Paris et de trouver la bonne façon pour l’interpréter. Il ne faut pas que cette musique devienne la propriété des ensembles spécialisés. »
 
Cuivres naturels et timbales en peau
 
L’interprétation du répertoire ancien sur instruments modernes suppose un travail précis et souvent délicat, car se situant à l’inverse de la tradition. L’emploi de partitions « Urtext » est ainsi nécessaire pour connaître la volonté exacte du compositeur, en matière de nuances ou de phrasé. Pas question non plus de donner Bach ou Haydn avec huit contrebasses ! La notion de vibrato, la manière de tenir l’archet sont essentielles pour comprendre la couleur de cette musique.Du côté des vents et des percussions, la question est de savoir s’il faut employer des cuivres naturels et des timbales en peau, comme l’a par exemple fait Nikolaus Harnoncourt avec l’Orchestre de chambre d’Europe. Pour Paavo Järvi, « si les instrumentistes de l’Orchestre de Paris sont motivés pour en jouer, ce sera très bien. Mais ce doit être leur choix. Avec la Deutsche Kammerphilharmonie(ndlr : dirigée par Paavo Järvi depuis 2004), nous utilisons trompettes naturelles et timbales en peau. Une chose est sûre : il faut trouver la bonne sonorité. Quand je fais la Symphonie fantastique de Berlioz, je demande aux cornistes modernes de retrouver les sons bouchés des cors d’époque. » La problématique instrumentale suscite aujourd’hui une vraie controverse dans les orchestres. Contrairement à leurs collègues des Berliner Philharmoniker ou Wiener Philharmoniker, les timbaliers de l’Orchestre de Paris jouent ainsi toujours sur des instruments en plastique. Il est vrai que la France n’a pas une tradition de timbaliers comme ses pays voisins. En outre, certains observent que quand les cuivres acceptent de jouer sur des instruments naturels, c’est avant tout pour percevoir les juteux suppléments financiers accordés par l’orchestre. Les formations germaniques ont trouvé un compromis intéressant, avec l’emploi de trompettes à palettes, moins agressives que leurs homologues à pistons. C’est donc bien à une vraie révolution des mentalités que peut mener l’interprétation de la musique ancienne dans les phalanges modernes.
 

A. Pecqueur (avec Jennifer Hardy)

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