La musique contemporaine dans tous ses états
Le pur du son
Directeur du Groupe de recherches musicales et directeur de la recherche et de l’expérimentation à l’Institut national de l’audiovisuel, Daniel Teruggi s’est affirmé comme une personnalité marquante de la scène musicale acousmatique, en qualité de compositeur et de pédagogue.
« La musique acousmatique ne cesse d’élargir son public. »
Quelle est votre définition personnelle de la musique acousmatique ?
Daniel Teruggi : L’acousmatique décrit avant tout une situation d’écoute dans laquelle l’oreille interprète une information musicale sans aucune explication visuelle; le son existe par lui-même est n’est pas le résultat d’un geste instrumental ou physique. Nous appelons musique acousmatique la musique composée en vue de cette manière particulière d’écoute, c’est-à-dire que le medium, c’est la musique.
Comment situez-vous, aujourd’hui, le mouvement de création de la musique acousmatique dans le champ de la musique contemporaine ?
Daniel Teruggi : La musique acousmatique est une composante du large spectre de la musique contemporaine, même si l’aventure qui mène de la musique concrète à l’acousmatique a toujours suscité des interrogations sur l’existence du phénomène musical lui-même, au-delà du contexte instrumental. De nos jours toutes les musiques ont une composante technologique très forte et la question se pose moins. La musique acousmatique a gardé un lien génétique avec la radio, d’où elle provient surtout d’un point de vue méthodologique et dans sa capacité à gérer des représentations sonores.
A l’heure d’une certaine fascination, de la part d’un public très large, pour la musique électro, la techno, etc., la musique acousmatique peut-elle conquérir de nouveaux auditeurs ?
Daniel Teruggi : Cette fascination est certaine, surtout parce qu’il est accessible à n’importe qui de s’essayer à faire de la musique. La musique acousmatique ne cesse d’élargir son public, notamment auprès du public des musiques électroniques. Le festival « Présences électronique », dans lequel nous présentons toujours des œuvres de notre répertoire, est un formidable endroit pour que d’autres praticiens et amateurs découvrent la richesse de cette musique. Nous essayons alors de partir à la découverte de nouvelles démarches, de nouvelles manières de penser et de mettre en scène le son.
Propos recueillis par Jean Lukas