Le « Futur Proche » de Jan Martens
Théâtre de la ville / Chor. Jan Martens
Publié le 26 février 2023Créé au Palais des Papes pour le festival d’Avignon 2022, Futur Proche de Jan Martens met en scène quinze interprètes de l’Opera Ballet Vlaanderen dans une pièce parsemée de symboles. Au fil d’une partition pour clavecin, il tisse une réflexion sur notre appréhension du futur.
Pour cette dernière création, vous avez travaillé avec l’Opera Ballet Vlaanderen. Quels défis vous êtes-vous donnés avec cette compagnie ?
Jan Martens : J’avais très envie de travailler avec un ballet et de questionner ce que ce genre de formation peut signifier aujourd’hui. En créant any attempt… en 2021, mon idée était de constituer un corps de ballet atypique, qui rassemble plusieurs générations avec des histoires et des styles différents, mais homogène à travers les costumes. Pour Futur Proche, j’ai souhaité faire l’inverse et convoquer, avec une troupe plus uniforme, quelque chose qui relève plus du désordre, qui donne à voir des humains autant que des danseurs. Travailler avec l’Opera Ballet Vlaanderen m’a confronté à mes préjugés, celui par exemple d’imaginer que les membres d’un ballet sont très similaires, car dès que je suis entré dans le studio, j’ai tout de suite perçu la diversité de la troupe.
« J’ai souhaité convoquer quelque chose qui donne à voir des humains autant que des danseurs. »
On retrouve des motifs de votre précédente pièce dans Futur Proche. Est-ce une suite d’any attempt…?
J.M. : Oui tout à fait ! any attempt… traitait avant tout du fait que l’histoire se répète. Je me suis aussi demandé si la trame de cette pièce n’était pas un peu naïve et trop positive, s’il n’était pas nécessaire de faire une pièce qui parle des gens qui sont un peu perdus et qui ne savent pas réagir. Futur Proche explore comment vis-à-vis d’un futur impossible à nier il est possible de se renouveler, de chercher profondément à développer de nouvelles stratégies.
Le clavecin, déjà présent dans vos deux précédentes pièces, cette fois-ci joué par Goska Isphording, a encore une place prépondérante…
J.M. : En effet, je trouve l’histoire de cet instrument très intéressante, qui à la fin du XVIIIe siècle a été remplacé par le piano, dont le son était plus fort. Puis au début du XXe siècle, il a été redécouvert, non pas par des compositeurs, mais par des musiciennes. Il était prédestiné à disparaître, mais a survécu dans les marges. Le mettre en valeur est une manière de parler du militantisme : les solutions émergent souvent des marges, on ne peut pas attendre qu’elles émergent des politiciens ou du centre. J’ai aussi choisi de mettre un clavecin et un banc au centre de la scène, pour signifier une évidence que l’on ne peut plus nier, comme celle du dérèglement climatique.
Propos recueillis par Belinda Mathieu
A propos de l'événement
Le « Futur Proche »du mercredi 26 avril 2023 au vendredi 28 avril 2023
La Villette Grande Halle
211 Av. Jean Jaurès, 75019 Paris
à 20h. Tél : 01 40 03 75 75. Durée : 1h30. lavillette.com