Le Festival « Concerts d’automne » à Tours offre une programmation remarquable

La musique baroque est bien un art d’aujourd’hui. Ce principe, qui fut le moteur de la « révolution baroque » de la deuxième moitié du xx^e siècle, est aussi celui du festival Concerts d’automne. Les six concerts, proposés sur deux week-ends, portent chacun un regard sur le répertoire baroque et interrogent son actualité. C’est évident avec le concert d’ouverture, « Bach Mirror » où Thomas Ehnco et Vassilena Serafimova réinterprètent aux piano et marimba les cantates, pièces d’orgue, de violon, de violoncelle ou de clavier du Cantor de Leipzig. Autre jeu de miroirs, celui proposé par l’Ensemble Jacques Moderne de Joël Suhubiette, « Un autre printemps », qui fait dialoguer le répertoire de la Renaissance (Gesualdo, Dowland, Le Jeune) avec une création de David Chevallier (né en 1969), compositeur-interprète (guitare et théorbe) qui n’aime rien tant que jouer avec les frontières stylistiques.

Dimension européenne

Les autres propositions sont, de ce point de vue, plus « classiques », sans saut  d’époque ni réinstrumentation. Elles n’en sont pas moins passionnantes, comme cette évocation de l’an 1643 par l’ensemble Contraste : airs de cour de Boësset et madrigaux de Monteverdi, qui décèdent tous deux cette année-là, voisinent avec la musique de Charpentier (Litanies à la Vierge), né en 1643 et qui incarnera le renouveau du baroque français, en empruntant précisément aux styles français et italien. La dimension européenne du baroque, revendiquée par le festival, s’illustre avec le Rinaldo de Haendel interprété par l’excellente Academia Bizantina d’Ottavione Dantone, mais aussi avec le répertoire portugais défendu par l’ensemble Divino Sospiro et deux solistes d’exception (la soprano Ana Quintans et le contre-ténor Bruno de Sá). La musique savante y rencontre les échos des traditions populaires, de même que dans « Amore Siciliano », programme conçu par Leonardo García Alarcón et la Cappella Mediterranea autour de la « Canzone di Cecilia ».

Jean-Guillaume Lebrun