La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Etat des lieux de la danse en France

Le développement de la danse sur un territoire donné

Le développement de la danse sur un territoire donné - Critique sortie Danse
Crédit : pg Dupuy

Publié le 30 novembre 2011

Annie Bozzini a été à l’origine du premier Centre de Développement Chorégraphique, à Toulouse. A l’aube d’une nouvelle histoire pour son CDC, elle revient sur la création de ces lieux qui constituaient à l’époque une alternative aux CCN, aujourd’hui labélisés par le Ministère de la Culture.

La création du CDC de Toulouse est arrivée en 1995 dans un contexte très particulier, et a marqué le point de départ d’un nouveau modèle de lieux pour la danse. Comment cela s’est-il passé ?
Annie Bozzini :
Dès 1993, la ville de Toulouse, qui avait hébergé un CCN depuis les années 80, a estimé que ce modèle ne convenait pas. Ce fut un signal pour que l’ensemble des partenaires – ville et région – affirme son souhait d’organiser la danse différemment sur ce territoire. On y constatait un déficit de diffusion, de création, et un emballement des compagnies de la région. En partant du besoin des artistes, du territoire, et des déficits qui avaient été dénoncés, j’ai proposé un schéma de ce que pourrait être le développement de la danse sur un territoire donné. Autour de missions assez clairement définies au départ, c’est-à-dire la prise en charge de la production, la création, la diffusion, et celle des compagnies de la région, j’ai ajouté la question de la formation et de l’action culturelle.

« La danse aujourd’hui est une des formes artistiques les plus vives, les plus intelligentes. »

Est-ce que cela vaut pour tous les CDC ? Le cahier des charges et les moyens sont-ils les mêmes partout ?
A. B. :
Le cahier des charges reprend à peu près toutes ces missions, en mettant en premier lieu tout ce qui traite de la culture chorégraphique, et en la reliant à la création. Comment développer aujourd’hui une culture chorégraphique à travers des œuvres, des discours d’artistes, une histoire ? En termes de moyens, il peut y avoir des écarts assez considérables entre les CDC, car les histoires ne sont pas les mêmes. Certains CDC sont sur des territoires qui accueillent aussi des CCN, comme Grenoble, par exemple. Là, pour les collectivités, c’est évidemment plus compliqué. Les projets et les moyens ne sont pas les mêmes aussi en fonction des CDC qui possèdent de vrais lieux ou non.

La question du lieu est cruciale, et c’est ce vers quoi vous tendez avec la Cité de la Danse…
A. B. :
Je pense qu’un projet se repère mieux au niveau du public à partir du moment où existe un lieu. Dans notre projet, qui nécessite huit millions d’euros d’investissement, nous prévoyons un lieu de diffusion de 400 places qui permettra une autonomie réelle de programmation, de diffusion, de rendez-vous réguliers avec le public, et aussi un lieu de résidence, des studios pour les répétitions et la formation. On rassemble la question de l’école, de la diffusion, de la création, et celle de l’histoire avec un département d’action culturelle doté d’une salle d’exposition permanente qui permet de tirer un fil historique. C’est sur ce rapport à l’histoire que l’on adosse notre actualité, dans une projection permanente vers l’avenir. Cela me semble être le modèle idéal pour ce territoire.

Quel regard portez-vous sur la création aujourd’hui ?
A. B. :
Je pense qu’on est sorti de la question purement conceptuelle, de l’abstraction et de la recherche du mouvement pour le mouvement, et de Pina Bausch comme parangon de la reconnaissance par les hommes de théâtre de ce qu’est la danse. On a acquis toute cette histoire. Aujourd’hui s’épanouissent des artistes comme François Chaignaud ou Daniel Linehan, que l’on a soutenus. Ils évoluent dans un élargissement de leur propre culture, mais choisissent la danse comme vecteur essentiel d’un discours sur la question de l’art. La danse aujourd’hui est une des formes artistiques les plus vives, les plus intelligentes, et je pense qu’à cet endroit il est dit des choses qui ne sont pas dites ailleurs.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

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