Le belge Alexander Vantournhout mêle danse et cirque dans « every_body », rencontre.

Quel est le point de départ de votre recherche sur every_body ?

Alexander Vantournhout : Ce projet, né pendant le Covid, est parti de l’idée de se serrer la main. Nous avons créé Snake Arms [le premier tableau] sous forme de film pour la télévision belge. Nous nous sommes ensuite demandé comment poursuivre : Snake Arms est une pièce minimale, plus chorégraphique que ce que j’ai fait auparavant. Nous avons fini par décider de travailler sur d’autres actions que tout le monde accomplit au quotidien : marcher, s’asseoir, se suspendre.

« C’est singulier, de trouver l’extraordinaire dans l’ordinaire : c’est faire une pirouette depuis l’habituel jusqu’à un point de vue inhabituel. »

Est-ce que vous diriez que vous êtes allé débusquer l’extraordinaire dans l’ordinaire ?

A.V. : Nous avons créé une chorégraphie compliquée à partir de mouvements simples :  sur la poignée de mains, qui finit presque en contorsion, nous sommes allés rechercher toutes les prises possibles, en tendant vers une mobilité maximale. C’est singulier, de trouver l’extraordinaire dans l’ordinaire : c’est faire une pirouette depuis l’habituel jusqu’à un point de vue inhabituel. De plus, pour nous, le mouvement est toujours relationnel : nous ne sommes pas des individus qui bougent seuls, sans influence de l’environnement. En même temps, nous essayons de réinterroger la virtuosité classique.

Que vous a apporté le fait de co-écrire avec Emmi Väisänen ?

A.V. : Comme Emmi est très forte en mouvement chorégraphique, elle m’a libéré du temps que j’ai pu consacrer à d’autres éléments. J’ai travaillé avec Tom Van der Borght, qui a créé une scénographie motorisée. Là où elle était davantage un agrès dans le passé, elle est ici une mise en espace qui porte une dramaturgie propre. De même, j’ai travaillé avec lui sur les costumes : d’habitude nos costumes sont plutôt pragmatiques, ici ce sont des objets à part conçus pour le spectacle.

Il y a souvent une forme d’humour dans vos œuvres : est-ce le cas ici ?

A.V. : Pendant la création, je n’arrive jamais à analyser pourquoi la pièce serait drôle. Mais elle l’est quand même ! Je pense que cela vient de la possibilité de reconnaître son propre corps dans ce qui se passe sur scène. L’humour vient aussi quand nous, interprètes, jouons un personnage proche de nous :  je crois qu’il y a alors une forte identification. Et nous faisons, certes de manière virtuose, des choses que tout le monde a pu expérimenter directement.

Propos recueillis par Mathieu Dochtermann