Créer, une urgence ancrée dans le monde
Le chorégraphe Burkinabé Serge Aimé Coulibaly [...]
Le Ballet de Lorraine fête son jubilé ! L’occasion pour son directeur de revenir sur l’importance d’une politique publique au long cours.
En quoi cet anniversaire des cinquante ans de la création du ballet et des quarante ans de son ancrage sur Nancy a-t-il résonné dans votre projet ?
Petter Jacobsson : L’idée n’était pas de faire une célébration commémorative, mais plutôt de mettre en lumière le fait qu’il existe à cet endroit un Centre Chorégraphique National toujours libre et indépendant. Le programme 1968-2018 a été pensé autour de l’année 1968, au cours de laquelle Merce Cunningham a créé Rainforest, que nous avons repris. A l’occasion de cet anniversaire, Miguel Gutierrez a créé Cela nous concerne tous, et Thomas Caley et moi avons imaginé un happening quand on entre dans le théâtre : une manifestation chorégraphique avec des amateurs et un autre danseur, et en même temps une performance sur scène en clin d’œil à Loïe Fuller, avec une forte connexion aux arts plastiques. C’est une manière d’envisager et de s’approprier l’histoire. Un espace comme le nôtre traverse différentes époques, différentes esthétiques. Mais quelle que soit l’esthétique, la structure demeure indépendante.
« Un espace libre et ouvert, où nous posons des questions sur la société, sur la danse. »
Qu’entendez-vous par le mot indépendant ? C’est tout de même une structure liée à l’Etat et aux collectivités territoriales…
P. J. : L’indépendance est justement liée à ce soutien, qui nous permet d’être un espace libre et ouvert, où nous posons des questions sur la société, sur la danse. Nous ne sommes pas une structure commerciale. Bien sûr il faut faire des tournées et que les spectacles marchent, mais notre responsabilité n’est pas de faire plaisir à des commanditaires. Elle est autre, et sans doute plus grande. Je trouve important que le soutien reste public et ne devienne pas privé, comme par exemple aux Etats-Unis, où presque tout est privé. Nous cherchons à mettre en avant la diversité de la création, à favoriser des rencontres fécondes. Nous accueillons en mai Celui qui tombe de Yoann Bourgeois. Et nous avons passé commande à Sarah Crépin et Etienne Cuppens de la compagnie La BaZooKa d’un spectacle jeune public, ce qui ne s’était jamais fait jusqu’à maintenant. Cela place les danseurs face à un nouveau challenge !
Propos recueillis par Nathalie Yokel
à l’Opéra de Lorraine. Tél. : 03 83 85 69 00.
Le chorégraphe Burkinabé Serge Aimé Coulibaly [...]