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Les formations artistiques

La marionnette au cœur d’une dynamique de croisement des arts

La marionnette au cœur d’une dynamique de croisement des arts - Critique sortie
© Christophe Loiseau / Les élèves de la 8e promotion de l’ESNAM répètent une création collective, Attends-moi de François Cervantes.

Publié le 10 octobre 2009

Outil d’expérimentation théâtrale hors pair, la marionnette participe pleinement au renouvellement des formes. Responsable pédagogique de l’Ecole Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette, Jean-Louis Heckel définit et éclaire la formation aux arts de la marionnette.

Quel type de formation requiert l’art de la marionnette ? A quel diplôme l’ESNAM donne-t-il accès ?
Jean-Louis Heckel :
La marionnette relève avant tout de l’art du théâtre. Elle requiert un très bon niveau de comédien, même si elle implique une maîtrise technique, la manipulation, et des savoir-faire spécifiques pour sa fabrication. A l’ESNAM, nous insistons sur la dramaturgie et la confrontation avec les écritures contemporaines, textuelles ou visuelles. La marionnette est au cœur d’une dynamique de croisement des arts : arts plastiques, danse, arts de la rue, cirque… C’est pourquoi elle permet aujourd’hui un renouvellement des formes théâtrales. La marionnette est notre épicentre et notre réflexe : elle nous sert à alimenter et développer l’art du théâtre. A l’issue des trois ans de formation, nos élèves sont titulaires d’un diplôme national : le D.M.A. (Diplôme des Métiers d’Art) spécialité arts de la marionnette.

« La marionnette est notre épicentre et notre réflexe : elle nous sert à alimenter et développer l’art du théâtre. »

Comment s’organise le cursus ?
J.-L. Heckel :
Le cursus dure 3 ans. La première année est centrée sur 5 apprentissages fondamentaux tels les cinq doigts de la main du marionnettiste : arts plastiques et fabrication, mouvement et travail corporel, jeu et mise en scène, dramaturgie et scénographie, travail vocal parlé et chanté. S’y ajoutent des stages sur des techniques de manipulation (gaine, bunraku…). La deuxième année approfondit les fondamentaux et la manipulation tout en initiant les élèves à diverses formes d’écriture et de composition. Elle est aussi consacrée à un projet collectif autour d’un artiste : l’année dernière, c’était François Cervantès avec Attends-moi. En 3e année, les élèvent se confrontent au processus de création : les solos (10mn) et les projets de fin d’étude (30mn). L’ESNAM donne à l’élève une boîte à outils très complète qui lui permet de développer progressivement son univers et d’émerger en tant qu’artiste autonome.

Le développement considérable de la marionnette dans les arts scéniques constaté depuis plusieurs années a-t-il eu une influence sur la formation à cette pratique ?
J.-L. Heckel :
La marionnette s’est depuis longtemps affranchie de son rôle de Guignol amusant les enfants au fond du jardin public. Sous l’impulsion créatrice de grands marionnettistes, elle est devenue un outil d’expérimentation théâtrale hors pair et c’est ce qui a conduit les metteurs en scène de théâtre à lui faire une place croissante dans leurs créations. L’ESNAM favorise l’épanouissement d’émergences créatrices. Elle cultive le goût du risque et de l’expérimentation par la consolidation des acquis et la recherche d’écritures scéniques nouvelles. C’est pourquoi la place des nouvelles technologies, particulièrement la manipulation d’images, a été renforcée dans le cursus.

Quel lien l’école entretient-elle avec l’Institut International de la Marionnette (IIM) et le Festival ? Quelle est la part de la formation initiale et celle de la formation continue à l’ESNAM et à l’Institut International de la Marionnette ?
J.-L. Heckel :
L’ESNAM dispense une formation initiale tandis que l’Institut se charge de la formation continue via ses stages d’été. L’ESNAM est une émanation de l’Institut et sa directrice, Lucile Bodson, dirige aussi l’école. Les passerelles avec l’IIM sont donc nombreuses. Nos anciens élèves, polyvalents, sont très bien insérés dans la profession. Ils ont tous du travail. L’Institut a mis en place des programmes d’insertion et de résidence, le Festival Mondial programme souvent d’anciens élèves, de même que le réseau de diffusion marionnette. Nous sommes en contact avec nos sept promotions, même si notre recrutement est international. Certains sont déjà bien connus : Gisèle Vienne et Jonathan Capdevielle, l’américain Basil Twist qui travaille actuellement avec Lee Breuer à la Comédie-Française…

Propos recueillis par Agnès Santi

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