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Spectateur ou acteur de théâtre : pour l’accessibilité à tous et à chacun

Spectateur ou acteur de théâtre : pour l’accessibilité à tous et à chacun - Critique sortie
© D. R.

Publié le 10 octobre 2009

Fondateur et directeur artistique du Centre Ressources Théâtre et Handicap, créé en 1993, pédagogue, comédien, auteur, metteur en scène, Pascal Parsat se bat sans relâche pour faire évoluer la prise de conscience du handicap, pour rendre le spectacle vivant accessible à tous, spectateur ou acteur.

Comment agissez-vous au sein du Centre Ressources Théâtre et Handicap pour améliorer la situation ?
Pascal Parsat : Le Centre Ressources Théâtre et Handicap, créé en 1993, synthétise quasiment vingt ans de travail, avec pour objet d’être un lien entre ceux qui ont des besoins spécifiques à prendre en compte et ceux qui ont besoin de se rendre compte…  Le théâtre permet aux uns et aux autres de se rencontrer. Nous travaillons sur différents points. D’abord un lieu a émergé avec toutes les complexités architecturales qu’il a fallu satisfaire vis-à-vis de l’accueil de tous les publics, qu’ils soient ou non en situation de handicap. Dans ce lieu pilote et exemplaire,  tant au niveau du bâti que des prestations, – personnel formé, ordinateurs, outils d’informations -, tout est accessible à tous. Ensuite, il s’agit de créer des actions d’interpellation, accessibles à tous, de produire des outils, des spectacles, expositions, conférences, performances.  Le CRTH, de par son histoire, sa capacité à s’affranchir de certains freins et certaines craintes, fait avancer les choses, en travailler sur la création, la ressource et la formation.

« Comme au Conservatoire, je travaille sur l’autonomie et la personnalisation de chacun dans son travail. »

Comment concevez-vous l’école Au clair de la Lune, créée en 2004 ?
P. P. :
Au clair de la Lune permet à tous ceux qui le souhaitent, en situation de handicap ou pas, d’accéder à l’initiation, la sensibilisation, la formation et pour certains la professionnalisation dans le champ du jeu dramatique.  L’école se préoccupe de l’idée de droit et d’égalité des chances. Les gens doivent y venir pour la qualité de ses propositions artistiques et pédagogiques. On comptait 29 inscrits en 2004, et 380 en 2010.  Cette école accueille les enfants dès l’âge de huit ans, et des gens qui ont le goût de l’exigence et voient là l’occasion de s’enrichir. Nous devons prendre en compte les spécificités de chacun, certains mémorisent plus lentement, ou oralisent plus difficilement, d’autres ont des soucis de santé qui parfois les éloignent de nos ateliers pendant un certain temps. L’école permet à chacun selon ses moyens, ses rythmes et ses outils d’accéder à ce qui est commun à tous. Et donc de ne plus rester aux portes de ses envies, de ne plus être spectateur de sa vie mais acteur de sa vie. La pratique artistique est un vecteur d’insertion sociale, d’épanouissement personnel, mais aussi un outil qui confronte chacun au regard de l’autre, à la nécessité d’écouter et de collaborer avec l’autre. Comme au Conservatoire, je travaille sur l’autonomie et la personnalisation de chacun dans son travail.

Quelles sont les formations à l’accessibilité que vous mettez en œuvre ?
P. P. :
Le problème aujourd’hui c’est le surcoût lié à l’accessibilité qui est un réel frein pour que les structures culturelles s’emparent du sujet. Il faut multiplier les compétences pour que les coûts se réduisent, et que de plus en plus de structures puissent accueillir un surtitrage, une audiodescription – réservée aujourd’hui aux hauts lieux de la culture -, voire une vocalisation. Nous avons mis en place une brigade d’accessibilité avec la DRAC Ile-de-France qui évalue les lieux culturels, nous accompagnons les compagnies qui souhaitent rendre accessibles leurs spectacles, et nous sommes consultants pour de nombreux organismes. Pendant un an avec environ 35 heures par semaine, nous formons des élèves qui ont achevé leur cursus de formation à l’art dramatique et souhaitent s’enrichir de nouvelles compétences. Depuis 2008 nous avons rendu tous les programmes du Festival d’Avignon accessibles au public déficient visuel. Nous avons aussi mis en place les Souffleurs d’Images, un binôme entre un spectateur déficient visuel et un élève en formation à l’art dramatique. Des gens attendent des réponses. La formation aux métiers de l’accessibilité est un vaste chantier. 

Propos recueillis par Agnès Santi

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