La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La danse dans tous ses états

La danse, une musique qui se regarde

La danse, une musique qui se regarde - Critique sortie Danse Paris Théâtre National de la Danse de Chaillot
Jann Gallois Crédit : Jody Carter

Danse et musique, espace de dialogue
Entretien Jann Gallois

Publié le 23 février 2018

Passée par la musique classique avant de devenir danseuse hip-hop, la talentueuse Jann Gallois connait une ascension fulgurante. Elle vient de créer Quintette, une pièce finement construite à la musicalité affirmée.

Vous avez grandi dans une famille de musiciens et longtemps pratiqué la musique, dans quelle mesure cela influence-t-il votre travail ?

J.G. : Cela influe de plusieurs manières. Tout d’abord j’ai reçu une éducation assez stricte dans le sens où, si l’on veut atteindre un certain niveau, la musique classique demande un travail considérable dès le plus jeune âge. J’ai donc acquis des méthodes précises que j’ai retranscrites dans la danse. Cela m’a amené à faire attention à chaque chose, à être minutieuse, j’ai gardé cette énorme rigueur. Artistiquement, ce qui est assez étrange est que la musique qui m’inspire aujourd’hui n’est pas du tout celle qu’on m’a enseignée quand j’étais plus jeune. La musique classique est très différente de la musique électronique, contemporaine, que j’utilise dans mes spectacles. Mais cela m’a donné une écoute, une oreille. En général, lorsque je commence une pièce, la musique arrive dans mon esprit un peu après les mouvements et je sais exactement ce que je veux entendre. Je sais ce que je désire pour telle partie, tel tableau, et j’arrive à le décrire assez précisément aux musiciens avec lesquels je travaille.

Vous dites que la danse est avant tout une musique qui se regarde.

J.G. : Lorsque je m’intéresse au mouvement, je m’intéresse à la musicalité que provoque le mouvement dansé. Je m’y intéresse avant de me pencher sur la technique. Quand je vois de la danse, je regarde quelle musique sort des corps. Je sens tout de suite quand une chorégraphie est écrite sans avoir pris conscience de toutes les nuances que peut apporter le geste en termes de saccade, de fluidité, de ralenti, d’accéléré. Les effets que je reçois quand je vois de la danse sont très similaires à ceux que je reçois quand j’écoute une musique. La frontière est pour moi très fine.

 » Je m’intéresse à la musicalité que provoque le mouvement dansé »

Cette musicalité est particulièrement notable dans votre dernière création, Quintette.

J.G. : C’est l’axe central de la pièce. Il s’agit d’évoquer les notions de synchronisation et de désynchronisation. Nous avons conçu la chorégraphie et la musique pratiquement en même temps, avec un petit décalage parce que je m’intéressais d’abord à écrire avec les corps. Mais dès que c’était plus ou moins construit, la musique arrivait, rentrait en phase. J’avais envie d’utiliser pleinement ces deux outils, de faire pour la première fois une synthèse de ce que j’ai pu emmagasiner en termes de bagage technique dans ces deux disciplines. Il y a un aspect très symbolique, j’ai fait 10 ans de musique puis 10 ans de danse. Il était presque inévitable pour moi de faire un bilan. Pour autant, ce que je veux d’abord mettre en avant dans cette pièce est la notion humaine, même si l’idée de parler du fait que chacun de nous a tendance à oublier d’écouter l’autre, ou de s’écouter soi-même, est venue après. Sans cela, Quintette aurait été une pièce très technique, très abstraite.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Quintette
du jeudi 29 mars 2018 au mercredi 4 avril 2018
Théâtre National de la Danse de Chaillot
1 place du Trocadéro, 75016 Paris

le 29 mars à 20H30, les 30, 31 et mars et 3,4 avril à 19h45.

Tél. 01 53 65 30 00. Durée : 50 mn.

Également le 6 avril à L'Espace Germinal, Fosses, le 7 avril à L'Orange Bleue, Eaubonne, le 10 avril au Théâtre Paul Eluard, Bezons, le 25 mai à l'Espace Georges Simenon, Rosny-sous-Bois, le 26 mai au Théâtre de Châtillon.

Compact : le 16 mars à L'Intervalle, Noyal-sur-Vilaine, le 10 avril au Théâtre Paul Eluard, Bezons, le 12 avril à La Lanterne, Rambouillet, le 25 mai à l'Espace Georges Simenon, Rosny-sous-Bois, du 31 mai au 3 juin à l'International Visual Theatre, Paris.

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