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La danse et l’éclatement des règles

La danse et l’éclatement des règles - Critique sortie Danse
Crédit photo : Guy Delahaye

Publié le 30 novembre 2011

Jean-Claude Gallotta fait partie de cette génération de chorégraphes qui ont explosé dans les années 80. Actuel directeur du CCN de Grenoble, il revient sur l’extension du domaine de la danse depuis trente ans et les nouveaux défis à relever.

Vous militez depuis longtemps pour une houellebecquienne « extension du domaine de la danse »…
Jean-Claude Gallotta :
J’ai toujours voulu imaginer que la danse, au début élitiste et cloisonnée, puisse être partagée par le plus grand nombre : différents publics, différentes couches de la société, dans des lieux insolites ou isolés. Qu’elle puisse parler, s’écrire, toucher tous types de musique aussi. Quand j’ai commencé, la danse était un art mineur, cette extension constituait mon  credo.

Vous en parlez au passé ?
J.C.G :
Il faut de la ténacité. Ce n’est pas si facile. Il y a les tutelles, les médias, des problèmes de public et de modes. Il ne suffit pas d’avoir la fleur au fusil. Au début, on est contre les règles et les formes préétablies. Mais après, comprendre les règles permet aussi de faire avancer le poétique.

Quels sont les obstacles majeurs que vous avez rencontrés dans cette extension ?
J.C.G :
La grosse difficulté, c’est que dès qu’on parle de danse contemporaine, les gens peuvent être violemment contre. Et c’est très difficile de la faire accepter dans le milieu. Aujourd’hui, la danse reste le parent pauvre du spectacle vivant. 

« La Nouvelle Danse française a été mythique. »

Cette extension du domaine de la danse est-elle passée par des voies esthétiques ?
J.C.G :
Naturellement. Dans les années 80, beaucoup de choses s’ouvraient. J’ai découvert la danse à 22 ans, quand j’étais étudiant aux Beaux-Arts. J’avais une totale liberté. J’ai choisi des interprètes qui ne savaient pas danser au sens classique du terme. Qui pouvaient être gros ou trop maigres, poilus. Je mêlais le cinéma, le théâtre, la performance et la danse. J’apportais beaucoup de nudité. On a été toute une tribu comme ça, qui est devenue un courant. Même si nous ne faisions pas la même chose, avec Bagouet ou Marin, on nous mettait dans le même chapeau. 

Quel bilan tirez-vous de cette évolution ?
J.C.G :
Le carcan de la tradition a éclaté, et chaque génération a pu se saisir d’un éclat. Jusqu’à la non-danse qui a eu peut-être plus de difficultés avec le public. Aujourd’hui, les choses se rééquilibrent. Les institutions intègrent les changements jusqu’à l’Opéra de Paris qui commence à programmer des chorégraphes plus modernes. Il y a aussi une démocratisation de l’œil par rapport à la danse. Si bien que les jeunes générations demandent de plus en plus à revoir ce qui s’est passé dans les années 80.

Est-ce un signe d’un tarissement de la créativité ?
J.C.G :
Absolument pas. Avant les années 80, la modernité venait d’Allemagne, des Etats-Unis ou du Japon. La Nouvelle Danse française a été mythique. Et comme des chorégraphes importants ont récemment disparu, les gens se sont dits : « la danse est un art éphémère.  Est-ce qu’on n’est pas en train de tout perdre ? ».   Parallèlement, on continue à créer, et ce retour sur le passé engendre lui-même de nouvelles formes de créativité.

Propos recueillis par Eric Demey

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