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Hip hop et danse contemporaine : un mariage consommé

Hip hop et danse contemporaine : un mariage consommé - Critique sortie Danse
Crédit : Arnaud Sauer Légende : Des Mondes et des Anges de Dominique Rebaud, emblématique du dialogue hip hop / contemporain.

Hip hop et création

Publié le 27 février 2016

Alors que l’on vient de fêter les 30 ans du mouvement hip hop en France, et que sa nécessaire reconnaissance a emprunté les chemins de la danse contemporaine, quelle place a le hip hop aujourd’hui dans le champ de l’art chorégraphique ?

Les chorégraphes que l’on retrouve aujourd’hui sur la scène chorégraphique hip hop rassemblent plusieurs générations. Les anciens ont dépassé la cinquantaine, ont été les porte-paroles du mouvement et les ardents défenseurs des techniques et des valeurs. Les plus jeunes ont vingt ans, font feu de tout bois, puisent leurs trouvailles gestuelles dans l’immensité du web et n’ont pas connu Sidney, grand inspirateur de leurs aînés. Tous profitent de la reconnaissance dont a bénéficié la danse hip hop de la part des institutions, même si celle-ci a dû passer par les canaux existants, à savoir ceux de la danse contemporaine. Comment cet art, né dans la rue, et dont l’expression scénique se matérialisait autour des « battles », a pu trouver sa place ? Le mélange esthétique avec la danse contemporaine a été l’une des voies. Le Festival Suresnes Cités Danse en a fait, dès le début, sa marque de fabrique, en passant commande à des chorégraphes contemporains de créations spécifiques pour danseurs hip hop, recrutés pour l’occasion. Cette initiative offrait une véritable opportunité de travail pour de jeunes danseurs en les plongeant dans le grand bain de la création, de la scène, mais aussi de la danse contemporaine, auquel ils n’étaient pas préparés.

Autonomie et ouverture artistique

La chorégraphe Dominique Rebaud, qui a créé en 1997 Voix…Yel, première partie du triptyque Des Mondes et des Anges (repris en janvier dernier à Suresnes), se souvient : « C’était le choc des mondes. Avec le recul, je crois que nous nous sommes rejoints sur la question du travail : c’étaient des fous de danse, même en mangeant ils dansaient, et là il y avait quelque chose de magnifique, avec des gens qui ne savaient pas ce que c’était que se mettre de profil ou de dos. Ils n’avaient pas d’outils conceptuels sur la danse, ils ne savaient pas ce que c’était que l’espace. Alors, évidemment, on leur imposait un projet, mais quelque part, on leur a permis d’écrire leur danse à l’intérieur d’une structure ». On mesure à ces paroles le chemin parcouru ! Aujourd’hui, la danse hip hop partage avec la danse contemporaine les mêmes scènes, et les mêmes outils institutionnels (deux chorégraphes hip hop dirigent des CCN, Kader Attou à La Rochelle et Mourad Merzouki  à Créteil). La formation a fait son œuvre – un chorégraphe comme Amala Dianor a étudié au CNDC d’Angers, un autre comme Hamid Ben Mahi chez Rosella Hightower… La question esthétique de son rapport à la danse contemporaine n’est plus d’actualité, et son autonomisation est actée, qui va de pair avec une ouverture artistique portée par la jeune génération. En revanche, elle partage désormais avec elle les problématiques de la création, au cœur des enjeux de production et de diffusion, qui questionnent son existence.

 

Nathalie Yokel

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