La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

SHALL WE DANCE?

Accompagner la création

Accompagner la création - Critique sortie Danse
Crédit photo : Patrick Berger Légende photo : Anne Sauvage

Danse et création contemporaine
Entretien / Anne Sauvage

Publié le 27 février 2016

Niché au cœur de La Cartoucherie de Vincennes, l’Atelier de Paris fut fondé en 1999 par Carolyn Carlson. Devenu l’un douze des Centres de développement chorégraphique en France, il est dirigé par Anne Sauvage et intervient sur tout le champ chorégraphique, depuis la création et la formation professionnelle, jusqu’à la diffusion et l’éducation artistique et culturelle.

Comment concevez-vous l’accompagnement pour les compagnies de danse ?

Anne Sauvage : Il a toujours été au cœur du projet de l’Atelier de Paris et fait désormais partie de nos missions essentielles de CDC dans une ville et une région capitales. C’est un engagement, et aussi une responsabilité, que nous prenons afin de soutenir la production, la diffusion des œuvres (y compris leur durée d’exploitation) et leur rencontre avec le public. Dans le contexte actuel, il faut œuvrer à l’amélioration des conditions de travail des compagnies. Nous partageons cette volonté avec d’autres partenaires, comme au sein du Paris Réseau Danse, avec lesquels nous avons inventé des résidences croisées.

« Dans le contexte actuel, il faut œuvrer à l’amélioration des conditions de travail des compagnies. »

Les besoins des compagnies ont-ils évolué au cours des dernières années, sous l’effet du contexte économique mais aussi des esthétiques ?

A. S. : Nous vivons une situation inédite puisqu’au moins trois générations de chorégraphes travaillent aujourd’hui. Sur un territoire où se concentrent un tiers des compagnies de danse, la demande d’espaces de travail reste non satisfaite. En début de saison, nous avons transformé notre foyer en studio éphémère dans l’attente d’une solution plus pérenne. Les compagnies doivent pouvoir trouver des lieux, adaptés à la danse quant à la qualité de sol, mais aussi qualifiés techniquement. En fonction des projets ou des écritures, les artistes expérimentent désormais davantage au plateau la matière chorégraphique en même temps que l’utilisation d’autres moyens scéniques (lumière, musique, son, vidéo…). C’est en ce sens que nous avons rénové le Théâtre du Chaudron lors de sa reprise en 2011. Les compagnies rencontrent également des difficultés accrues concernant la production et la diffusion, qui restent très fragiles.

Comment l’accompagnement des projets se décline-t-il aujourd’hui ?

A. S. : Il s’envisage sur mesure en fonction des spécificités des projets à chaque étape de la création : de sa conception à sa représentation. Notre soutien est constitué de mises à disposition d’espaces de travail (studios ou théâtre), d’une aide financière à la production, d’un accompagnement technique… Nous proposons aussi d’autres formes d’accompagnement plus atypiques : cette saison, un critique est invité à poser son regard sur les œuvres en cours de fabrication, un photographe suit les processus de création… La compagnie peut ainsi bénéficier à la fin de sa résidence d’un corpus de textes et de photographies. Nous remettons régulièrement notre action en question afin de rester proches des attentes des compagnies. Aujourd’hui, notre accompagnement va jusqu’à la diffusion des créations. Au-delà du festival June events, une saison autour des compagnies accueillies en résidence s’est organisée pour leur permettre de diffuser leurs spectacles, qui plus est à Paris.

Comment composez-vous le programme des masterclasses et des résidences ?

A. S. : Avec le même esprit de partage et d’échange. Si l’Atelier de Paris est un lieu de création et de transmission, c’est avant tout un espace où chorégraphes et danseurs – de différentes générations – se rencontrent. Le programme de masterclasses réunit des figures de la danse et des artistes parmi les plus prestigieux de la scène internationale. Les accueils en résidences se concentrent sur la jeune création et le repérage des nouveaux talents, mais n’excluent pas les compagnies plus expérimentées qui peinent parfois à trouver leur place dans les réseaux plus institutionnels.

Vous avez choisi de soutenir le parcours de Liz Santoro et Pierre Godard pour la période 2016-2018 ? En quoi cela consiste-t-il ?

A. S. : Afin de soutenir la jeune création et la place des artistes dans les lieux, le ministère de la Culture devrait annoncer la possibilité pour les CCN et les CDC de s’associer pendant une période de 3 ans à une équipe artistique. Soutenir des écritures singulières comme celles de Liz Santoro et Pierre Godard demande du temps, c’est pourquoi il était important d’inscrire notre soutien d’emblée dans la durée. Au-delà de la réalisation des projets, ce sont des démarches artistiques qu’il faut accompagner. Nous les associerons au projet du CDC afin d’engager un dialogue approfondi. Nous souhaitons aussi les aider dans la structuration de leur compagnie. Il nous semblait (à eux comme à nous !) que c’était le bon moment… La suite est à inventer, ensemble !

 

Entretien réalisé par Gwénola David

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