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Visages de la danse 2024

« Firmamento » de Marcos Morau, une danse de l’image

« Firmamento » de Marcos Morau, une danse de l’image - Critique sortie Danse Paris Chaillot Théâtre national de la Danse / CND
Crédit : May Zirkus Firmamento de Marcos Morau

Chaillot - Théâtre national de la Danse / Chor. Marcos Morau / La Veronal

Publié le 27 février 2024

Grand spectacle visuel, avec ses mouvements intenses et ses tableaux époustouflants, Firmamento de Marcos Morau en jette plein les mirettes.

Firmamento fait référence aux anges de Giotto dans le firmament bleu de la chapelle des Scrovegni de Padoue, selon le chorégraphe. Mais le clin d’œil est difficile à reconnaître, tout comme le prétendu « spectacle pour adolescents ». Car il n’est pas question ici de se référer particulièrement à un âge ou une période de la vie, la seule chose pouvant y faire penser étant une esthétique extrême-orientale qui évoque une Chine ou un Japon stéréotypés, plus proche de Tintin que des mangas, un regard ludique sur la technologie, et un récit scénique très fragmenté, comme sur les réseaux sociaux. Comme toujours avec La Veronal, il ne faut pas se fier aux apparences. Morau crée une danse de l’image qui emprunte beaucoup au cinéma (dont il est issu) et flirte avec le surréalisme d’un Buñuel. Tout est prêt à déraper, comme la gestuelle, encore plus sophistiquée que d’habitude, qui s’éclate en mille segments du corps pliés et dépliés, en mille mouvements liés ou saccadés, toujours surprenants, toujours séduisants.

Entre la beauté et l’effroi

De dislocations en pulsations, de tours à la rapidité vertigineuse en pétrifications stupéfiantes, la chorégraphie crée un univers baroque où tout peut arriver. Après un nain, mi-enfant mi-vieillard, qui donne lieu à un travail de manipulation collective où la simultanéité le dispute à la précision, la pièce prend un tour spectaculaire délirant. Des images mystérieuses nous projettent dans un monde rétro-futuriste, puis dans une boîte blanche qui s’ouvre telle une poupée russe, découvrant toujours d’autres univers, d’où surgissent des dessins d’animation en direct, homme à tête de robot ou avec casque VR, chemin de fer miniature, esquimaux surdimensionnés. Là, le rêve, le cinéma et les écrans cohabitent. Des instruments traditionnels tels que l’accordéon et les percussions s’assimilent à la musique électronique et dialoguent avec Wagner, Strauss, David Bowie et Laurie Anderson, entre autres, parfois transformés par la conception sonore de Juan Cristóbal Saavedra. Fimamento, entre réalité et métavers, brosse à grand traits un monde en devenir où les images sont devenues la vérité.

Agnès Izrine

A propos de l'événement

Firmamento
du jeudi 23 mai 2024 au samedi 25 mai 2024
Chaillot Théâtre national de la Danse / CND
Salle Firmin Gémier, 1, place du Trocadéro, 75116 Paris.

Du 23 au 25 mai à 19h30 sauf samedi 25 à 17h. Tél. : 01 53 65 30 00. Durée : 1h15. Spectacle vu le 14 novembre à l’Onde, Scène conventionnée d’intérêt national – Art et Création pour la Danse.

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