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La musique Baroque en France

Entretien Marc Minkowski / Les Musiciens du Louvre : une palette remarquablement précise

Entretien Marc Minkowski /
 
Les Musiciens du Louvre : une palette remarquablement précise - Critique sortie
photo : Marc Minkowski

Publié le 10 juillet 2008

Entretien Marc Minkowski /
Les Musiciens du Louvre : une palette remarquablement précise

Bassoniste de formation, Marc Minkowski a fondé en 1982 Les Musiciens du Louvre. Basé à Grenoble, son ensemble est aujourd’hui l’une des formations les plus remarquées du monde de la musique ancienne.

« Le même niveau d’excellence sur instruments modernes et anciens »
 
Comment le répertoire des Musiciens du Louvre a-t-il évolué en vingt-cinq ans d’existence ‘
 
Marc Minkowski : C’est un parcours improvisé, fait d’opportunités, de rencontres… Au début, je découvrais les interprétations d’Harnoncourt, les instruments anciens. Nous avons monté un concert puis, avec l’ensemble vocal Françoise Herr, Didon et Énée, King Arthur, The Fairy Queen, les oratorios de Haendel… Quand nous avons enregistré les comédies-ballets de Lully, je connaissais à peine cette musique, découverte en jouant Atys. Puis le répertoire s’est vite élargi, jusqu’à Méhul, un quasi-beethovenien, dès 1989. Par la suite, j’ai distingué davantage ce que je faisais avec les Musiciens du Louvre et en tant que chef invité : je n’ai enregistré mon premier Mozart qu’en 1995. Depuis, nous avons donné Mithridate à Salzbourg, pour la première fois sur instruments d’époque. Cette saison, nous poursuivons avec les symphonies « londoniennes » de Haydn et bientôt l’Héroïque de Beethoven, sans oublier Offenbach et Bizet que nous enregistrons cet automne. La prochaine étape sera sans doute Wagner, ses premiers ouvrages comme Die Feen ou Le Vaisseau fantôme, des œuvres qui posent de façon intéressante le problème de l’équilibre orchestral.
 
Vous n’êtes donc plus un ensemble baroque.
 
M.M. : Actuellement, peu d’ensembles peuvent en gardant le même nom se « transporter » sur trois types de répertoires et d’instrumentarium comme nous le faisons. Notre énergie, notre motivation, notre esprit de musique de chambre et nos instruments, qui jouent dans le sens de l’œuvre, nous permettent par exemple de faire briller Carmen de façon unique. Nous n’avons pas le même esprit virtuose et discipliné qu’un orchestre symphonique mais si, par exemple, l’Orchestre de l’Opéra de Zurich, avec qui je travaille régulièrement, peut jouer très bien sur instruments anciens, il n’atteindra pas la qualité, la précision des Musiciens du Louvre, qui pratiquent ce langage au quotidien. Notre spécificité reste cependant que nous sommes capables et désireux de jouer Rameau, Haendel et Bach.
 
Les instrumentistes sont-ils aujourd’hui mieux formés aux interprétations sur instruments d’époque ‘
 
M.M. : Aujourd’hui, les instrumentistes jouent à la perfection sur instruments modernes et recherchent en même temps le style le plus juste pour chaque répertoire. C’est une approche très polyvalente mais qui reste très sérieuse dans l’interprétation baroque : il ne s’agit pas de s’amuser à jouer de tout mais bien de reproduire le même niveau d’excellence sur instruments modernes et anciens.
 
Vous êtes installés à Grenoble depuis 1996. Quel bilan tirez-vous de cette implantation ‘
 
M.M. : Nous sommes l’orchestre de la ville – et du département – et, pour cette raison, nous tenons à élargir nos missions sur ces territoires. Nous disposons d’un auditorium fantastique, d’un public et d’une mairie qui nous soutiennent. Nous avons par ailleurs une vraie volonté de sortir des limites de la ville mais il est souvent plus facile de jouer au Concertgebouw ou au Musikverein qu’à trente kilomètres de Grenoble. Cependant, nous sommes régulièrement invités au festival Berlioz de La Côte-Saint-André, nous participons à « La folle tournée » dans la région… Je conserve le projet d’un grand festival pour lequel la MC2, notre lieu de résidence, est idéale. Cela prendra deux ou trois ans, comme pour l’Atelier des Musiciens du Louvre, que Mirella Giardelli a fondé en 2005 et qui propose des programmes alternatifs, pédagogiques, en parallèle aux nôtres. Mais cela vaut la peine d’y consacrer des moyens importants.
 
Propos recueillis par J.-G. Lebrun

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