Développer la visibilité de la danse
L’essor des CDCN / Eclairage Ile-de-France
Entretien / Daniel Favier
Publié le 23 février 2018
Daniel Favier, directeur de La Briqueterie, CDCN du Val-de-Marne, analyse les atouts du nouveau label national.
Qu’est-ce qui a changé pour les CDC avec le label national octroyé par le ministère de la Culture en 2017 ?
Daniel Favier : Quand nous avons obtenu l’accord du ministère de la Culture pour l’Accueil Studio, en 2010, nous avions demandé à bénéficier des mêmes montants que les CCN et à avoir une enveloppe pour les artistes associés. Ce que nous avons acquis finalement, lors des nouvelles mesures annoncées en 2016. Soit 45 000 € pour l’accueil Studio et 45 000 € pour l’artiste associé. Désormais, les artistes associés peuvent avoir une visibilité accrue sur trois ans, et bientôt sur quatre. Nous sommes attentifs à leur parcours, à la recherche d’autres coproducteurs, et en retour, il faut qu’ils s’intéressent à la vie de l’établissement et du territoire. Passer d’un label de réseau à un label national permet de consolider les budgets. Les structures bénéficient d’une reconnaissance supplémentaire des Collectivités territoriales. Cette stabilité peut également entraîner des tensions entre ministère et Collectivités, à cause de l’exigence de mise en conformité, en l’occurrence l’obligation d’avoir un lieu à disposition, et aussi à cause des augmentations de budget dans une période qui n’y est pas favorable. Mais cela peut aider à remettre à niveau les CDC les plus fragiles. La force du réseau, c’est de s’aider et d’avoir des projets communs.
« La force du réseau, c’est de s’aider et d’avoir des projets communs. »
Au titre de la Briqueterie, le nouveau label a-t-il consolidé vos actions ?
D.F. : En ce qui nous concerne, le Département du Val-de-Marne apporte trois fois plus de budget que le ministère de la Culture. Les élus sont partie prenante, nous n’avons pas besoin de les convaincre. Il faut dire que les grands noms de la banlieue sont inscrits là, qu’il s’agisse de Michel Caserta, Jacques Lassalle, Antoine Vitez. Nous sommes inscrits dans une histoire. La première Biennale du Val-de-Marne date de 1979 et Michel Caserta s’est battu pour son existence et pour que nous ayons ce lieu dédié, La Briqueterie. Il faudrait que les CDCN les plus fragiles puissent aussi bénéficier d’un tel équipement.
Vous avez essaimé dans toute l’Ile de France à travers la Biennale du Val-de-Marne, quel regard portez-vous sur ce parcours ?
D.F. : Nous allons fêter les 40 ans de la Biennale en 2019. La manifestation a toujours été bien accueillie par tous nos partenaires d’Ile-de-France avec lesquels nous entretenons des relations depuis fort longtemps. Notre idée, depuis toujours, est d’être au service d’un territoire. Il faut être attentif à ce que l’on initie. Par exemple, nos Premières ont toujours lieu au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine. Il faut que les théâtres restent des lieux de diffusion. Notre règle est d’impulser la commande, mais de diffuser en dehors du CDCN, en restant un appui à la diffusion. Aujourd’hui, trop de coproductions sortent des CDCN et des CCN, et les scènes nationales ne sont pas suffisamment impliquées. Or, il n’est pas bon pour la danse de la cantonner à son pré carré. Avec la Biennale, nous incitons les théâtres d’Ile-de-France à coproduire financièrement les œuvres. Sept ou huit d’entre eux le font volontiers. Pour d’autres, il faut de la force de persuasion…
Quelles sont vos spécificités ?
D.F. : Nous travaillons beaucoup sur l’International, avec des projets comme Aerowaves, Dancing Museums ou Migrant Bodies. Nous développons aujourd’hui des résidences Japon / Italie / Vitry, notamment avec Satchie Noro et Jordi Galli. Nous sommes au service d’un territoire. Nous avons un projet fort avec l’Ile-de-France, où notre artiste associé Christian Ubl intervient dans le cadre du développement culturel, nous avons de très bons rapports avec le MacVal. Nous déployons également tout un volet autour du soin, de la santé. Par exemple Kitsou Dubois travaille avec l’hôpital Paul Guiraud. Nous allons développer des résidences artistiques autour de la danse et du soin dans les hôpitaux d’Ile-de-France, en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé, la DRAC et notre artiste associé. Nous allons également initier un projet autour du cinéma. Beaucoup de théâtres disposent d’un cinéma. Nous allons développer des films de chorégraphes réalisateurs qui permettent de créer des programmes enrichissants et intelligents avec des budgets très abordables. Je suis persuadé que l’on peut rencontrer de nouveaux publics grâce à des courts-métrages. Enfin, nous publions la revue Repères, aujourd’hui sur le site CAIRN.
Propos recueillis par Agnès Izrine
A propos de l'événement
La Briqueterie - CDCN du Val-de-Marne17 rue Robert Degert, 94407 Vitry-sur-Seine cedex
Tél. : 01 46 86 17 61.