De la maison des morts

Esa-Pekka Salonen reprend aujourd’hui la baguette que tenait Pierre Boulez pour cette sublime production de l’opéra de Janáček, créée aux Wiener Festwochen en 2007 et donnée cette saison à l’Opéra Bastille en hommage à son metteur en scène, Patrice Chéreau, décédé en 2013. Le compositeur tchèque, dont ce fut la dernière partition lyrique, écrivit lui-même le livret, d’après l’œuvre si poignante de Dostoïevski, où ce dernier relate son épreuve du bagne en Sibérie. Par un travail sur la figure musicale de l’ostinato et une construction par scènes où différents bagnards se racontent successivement, le compositeur parvient à développer une écriture d’un lyrisme exceptionnel dans un monde de ténèbres, magnifié par les lumières de Bertrand Couderc. Dans le rôle d’Alexandre Petrovitch Gorjantchikov, on entendra Willard White, baryton-basse d’origine jamaïcaine, tandis que certains chanteurs (Peter Straka, Vladimir Chmelo) réendossent les rôles qu’ils portaient il y a dix ans. Une production intemporelle et inoubliable.

A. Pecqueur