« Apprendre le théâtre, c’est une quête infinie. »

« En arrivant à Paris, je suis passé par de nombreux cours privés au sein
desquels je ne me sentais pas à ma place. Sans doute parce que pour moi, une
classe de théâtre doit s’appuyer sur un groupe, sur une idée de communauté, et
non sur un microcosme au sein duquel il faut se battre pour réussir. Ce n?est
qu’aux Ateliers Gérard-Philipe que j’ai vraiment eu l’impression de naître comme
comédien. Tout à coup, je faisais partie d’un groupe, on nous donnait le temps
d’apprendre, on nous coupait de nos ambitions narcissiques en nous enseignant
que le théâtre, c’est essentiellement un rapport poétique aux textes et au
monde. Philippe Duclos et Geneviève Schwoebel m’ont amené à travailler sur les
pièces plutôt que sur mon ego. Ils m’ont rendu curieux, m’ont appris à lire un
texte, à commencer à me connaître moi-même. Mais je ne considère pas que la
formation du comédien se limite à la période initiale durant laquelle il suit
des cours. On apprend tout au long de son parcours. Vitez disait que diriger un
acteur, c’est lui tendre un miroir. C’est très juste : le regard que portent sur
les comédiens certains metteurs en scène peut se révéler très formateur dans la
mesure où il nous renseigne sur l’acteur que l’on est, ou que l’on tend à être.
Je me méfie toujours de ceux qui revendiquent un savoir-faire immuable. Un
acteur, c’est avant tout une matière vivante, qui se forme et se déforme. Rien
n?est jamais figé ou acquis. Apprendre le théâtre, c’est une quête infinie. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat