Akzak, l’impatience d’une jeunesse reliée, entretien avec Héla Fattoumi
Entretien Héla Fattoumi
Publié le 26 février 2020La nouvelle création de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux invite douze danseurs venus de France, de Tunisie, du Maroc et du Burkina Faso à explorer une écriture rythmique pour mieux faire groupe.
Vous venez d’entamer les répétitions d’Akzak au mois de janvier à Belfort. Pour autant, ce projet a débuté dès 2018…
Héla Fattoumi : Nous avons passé pas mal de temps en amont pour aller à la rencontre de danseurs sur le continent africain. Dans le cadre de Viaouaga, un projet de coopération avec La Termitière à Ouagadougou, nous sommes allés rencontrer des jeunes de la formation Yeelen Don. L’idée était de les faire venir ensuite en immersion à Belfort, afin de suivre des ateliers, de voir des spectacles, de faire un travail pédagogique dans le cadre du programme transfrontalier franco-suisse Territoires Dansés en commun. Au Maroc, nous avons reçu le soutien de Taoufik Izeddiou, qui partage notre réflexion : comment faire école ? Comment arrive-t-on à la danse dans ces pays ? Cela a tout de suite été très riche d’être avec ces danseurs qui n’ont pas fait d’école, qui ont appris la danse en regardant des vidéos, en dansant dans la rue… Après avoir animé des ateliers à Marrakech, trois d’entre eux ont accepté de faire partie du projet. Le troisième pays dans le triangle d’Akzak, c’est la Tunisie, un pays que je n’ai jamais quitté. Je garde une grande curiosité pour les chorégraphes et les danseurs tunisiens. Nous en avons rencontré trois. Formés par Imed Jemâa, ils ne sortent pas pour autant de cours quotidiens. Mais faut-il travailler tous les jours pour être danseur ? Ils sont manifestement dans une relation d’urgence à la danse. Avec ces neuf danseurs rencontrés dès 2018, nous avons ensuite initié un travail en leur proposant d’être tous les jours au studio. Ils ont été rejoints par trois danseurs français qui ont une expérience forte de la scène. Nous allons voir ce qui se produit dans ce brassage, dans l’échange, dans l’accompagnement. Comme force et peut-être comme fragilité.
« La matière chorégraphique est faite de partitions rythmiques écrites à plusieurs. »
Sur quels principes chorégraphiques les avez-vous réunis ?
H.F. : D’abord autour d’un travail sur le rythme et la pulsation. Comment faire rythme ensemble ? C’est le premier enjeu ; il est artistique et non politique. La matière chorégraphique est faite de partitions rythmiques écrites à plusieurs. Cela pourrait aller de soi, mais cela nous met en difficulté, c’est vraiment une mise en contrainte pour trouver une pulsation, accélérer, décélérer, trouver la syncope, le contretemps. C’est un moyen de ne pas aborder la question du continent, même si elle arrive en creux. Le musicien et compositeur Xavier Desandre Navarre est très présent dès les répétitions : il est un peu le chef d’orchestre, il crée les partitions à partir des improvisations des danseurs et les restructure. Il apporte cette rigueur, et c’est important pour ce que l’écriture puisse évoluer et swinguer. La matière-liège qui est au sol est aussi un partenaire sonore. Ses copeaux évoquent l’image d’une terre aride, et le piétinement des danseurs renvoie à cette jeunesse qui piaffe, reliée par une façon de vivre la danse.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
A propos de l'événement
Akzak, l’impatience d’une jeunesse reliée, entretien avec Héla FattoumiBiennale de la danse en Afrique, Marrakech, Maroc, Avant-première le 27 mars 2020.
Rabat, Maroc, le 31 mars 2020.
Casablanca, Maroc, le 2 avril 2020.
Festival D-CAF, Le Caire, Egypte, le 6 avril 2020.
Première française Zébrures d’Automne, Francophonies, Limoges, les 25 et 26 septembre 2020.
Théâtre Jean Vilar, Vitry sur Seine, le 2 octobre 2020.
Scène nationale de Dieppe, le 8 octobre 2020.
Tangram, Scène nationale Evreux Louviers, le 13 octobre 2020.
Scène nationale de Martinique, le 16 et 17 octobre 2020.
Granit, Scène nationale de Belfort, 12et 13 novembre 2020.
Scènes du Jura, scène nationale de Dole-Lons le Saunier, le 17 novembre 2020.