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Home - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : DR Légende : « Chantal Morel, metteure en scène de Home. »

Publié le 10 mars 2012 - N° 196

Après une première version en 1981, une deuxième en 1986, la metteure en scène Chantal Morel revient pour la troisième fois à Home, de l’auteur britannique David Storey. Une partition pour cinq comédiens traduite en français par Marguerite Duras.

Deux hommes assis autour d’une table. L’un des deux lit un journal, l’autre pas. Ils se mettent à parler, de tout et de rien, l’un semblant vouloir coûte que coûte ne pas laisser s’installer le silence, l’autre lui répondant de façon économe, sans longs épanchements, lâchant de simples « Oh », des « Ah ! », des « Oui, oui », des « Tiens… ». Puis ils partent et deux femmes s’installent à leur place. « Elles sont plus violentes, fait remarquer Chantal Morel, on dirait qu’elles s’en foutent que la conversation continue ou pas, les hommes sont restés dans l’espace, pas loin d’elles, ils reviennent et tentent de rentrer en contact… » Ensuite, ils chercheront une chaise pour pouvoir tous s’asseoir autour de la table et parler. Il manque toujours une chaise lorsqu’ils veulent ainsi se réunir. Puis arrivera Alfred… « Voilà, c’est tout ce qui se passe dans Home », prévient la metteure en scène. C’est tout mais, bien sûr, c’est loin d’être peu. Car pour reprendre les termes de l’écrivain Arthur Bernard, la pièce de David Storey (créée en France en 1972, par Claude Régy) montre « des êtres qui disent l’essentiel de la condition humaine, la souffrance en répliques courtes, d’apparence ordinaires, banales ».  

Des êtres en manque

Une pièce qui laisse planer l’ombre de la différence, sans pour cela jamais se définir comme une pièce sur la folie ou l’asile. « Les personnages de Home, je crois simplement qu’ils ont un peu plus froid que nous, explique Chantal Morel, du moins, ce froid-là prend-il une place telle que le mouvement se fige, face à la dureté des relations entre les humains. (…) Eux, je crois qu’ils voudraient de l’amour, de l’affection, qu’ils trouvent qu’il en manque, ils voient ce manque, ils voient que les autres font semblant de ne pas en avoir besoin, mais que ce n’est pas vrai. » Aujourd’hui incarnés au Théâtre Nanterre-Amandiers par Nicolas Cartier, Maryline Even, Jean-Jacques Le Vessier, Rémi Rauzier et Line Wiblé, ces cinq personnages naviguent entre étrangeté et drôlerie, évoquant ici et là, petites touches par petites touches, les troubles qui les traversent et orientent leurs comportements. A travers l’expression d’une quotidienneté déréalisée, Home nous plonge ainsi dans les univers mentaux de ces êtres atypiques. Des univers faits de souffrance, mais également de beaucoup de sensibilité.

 

Manuel Piolat Soleymat           


Home, de David Storey (texte français de Marguerite Duras, publié aux éditions Gallimard) ; mise en scène de Chantal Morel. Du 16 mars au 8 avril 2012. Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30. Théâtre Nanterre-Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso, 92022 Nanterre. Tél :  01 46 14 70 00 ou sur www.nanterre-amandiers.com. Durée de la représentation : 1h35.

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