La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Gould / Menuhin

Gould / Menuhin - Critique sortie Théâtre Nice _THEATRE NATIONAL DE NICE

Théâtre Liberté, Toulon / Ami Flammer inspiré par Glen Gould et Yehudi Menuhin / mes Charles Berling et Christiane Cohendy

Publié le 1 octobre 2012 - N° 202

Berling, Cohendy et Flammer pénètrent franco de jeu les secrets musicaux de deux grands interprètes. Un parcours pédagogique exigeant et de haut vol.

Alimentée par Charles Berling et Christiane Cohendy – écrits et documents des musiciens, films de Bruno Monsaingeon à l’appui -, l’idée vient du violoniste et soliste international Ami Flammer, intrigué par le talent de deux génies de l’interprétation musicale au XXe siècle, le pianiste Glen Gould (1932-1982) et le violoniste Yehudi Menuhin (1916-1999). Tous deux se portaient une profonde admiration, capables à la fois de dépassement et de développement de leurs divergences sur l’interprétation et sur leur rapport au public. Ils ont joué ensemble la Sonate n°4 pour piano et violon en C mineur de Bach. Le jour et la nuit. Le jour, la transparence et la lumière pour Yehudi Menuhin au jeu pourvoyeur d’émotions, attentif à la relation à l’auditoire comme à la souffrance des autres, jouant pour les soldats alliés et les rescapés de la Seconde Guerre mondiale, un humaniste dans l’âme, un homme de paix qui croit dur comme fer que la beauté et la culture peuvent sauver le monde. En échange, la nuit, le secret et la solitude pour Glen Gould, tendu vers la recherche ombrageuse de la perfection et militant d’emblée pour la pureté stylistique et la fidélité au texte. Il décide tôt dans sa carrière de ne plus se produire en public, privilégiant le studio d’enregistrement pour ses disques et ses films.

Ami Flammer, l’instrument à la main

La scénographie de Christian Fenouillat et la création vidéo de Pierre Nouvel font la part belle à un plateau « ambiance festival »avec fouillis de fils égarés sur le sol, micros, appareils d’enregistrements, archives de docus, écrans, caméras qui filment les visages. Charles Berling arpente la scène d’un pas souverain ou bien dispense des mimiques expressives dès qu’il est au piano. Aurélie Nuzillard est la réplique ludique du maître, une jeunesse souriante qui questionne. Les hommes portent pantalons larges, par-dessus et casquette des années 40. Ami Flammer, l’instrument à la main, parle au public qu’il initie au violon, à sa caisse de résonance et à son archet de boyau tiré. Témoin de l’engouement de Yehudi Menuhin, le soliste, cheveux poivre et sel au vent, interprète la Sonate n°4 en ut mineur de Bach et Fantaisie pour violon et piano Op.47 de Schoenberg, avec au piano enregistré Jean-Claude Pennetier. Soutenue par la volonté pédagogique et louable de transmettre, la représentation tient de la conférence et distille des bribes de concert. Connaisseur ou non, tout le monde s’y retrouve, sollicité par cet appel singulier et absolu de la musique, même si la leçon remarquable s’alanguit à la fin.

 

Véronique Hotte

A propos de l'événement

Gould / Menuhin
du jeudi 18 octobre 2012 au vendredi 22 mars 2013
_THEATRE NATIONAL DE NICE
Promenade des Arts 06300 Nice

Théâtre National de Nice, les 18, 19 et 20 octobre 2012. Théâtre de l’Atelier à Paris, du 21 février au 16 mars 2013. Théâtre Princesse Grace, Monaco, les 21 et 22 mars 2013. Spectacle vu au Théâtre Liberté à Toulon.
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