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Ses trois précédents spectacles musicaux nous avaient enchantés. Alfredo Arias revient au music-hall avec Buenos Arias. Du cabaret au cinéma, un portrait en deux volets de l’Argentine.
Il y a quelque chose de tendre et d’enfantin chez Alfredo Arias. Une énergie à la fois espiègle et mélancolique, bouffonne et poétique, qui renvoie aux regards troublants d’un clown triste. Tout cela se retrouve, actuellement, sur la scène du Petit Montparnasse, à l’occasion de deux spectacles de cabaret à travers lesquels le metteur en scène et comédien souhaite, par le biais de ses souvenirs, raconter l’âme de son Argentine natale. Ainsi, après le grand succès du triptyque musical créé, en novembre 2009, au Théâtre du Rond-Point (La Terrasse n° 173, décembre 2009), Alfredo Arias se replonge – avec un peu moins de réussite mais tout autant de générosité – dans l’univers du music-hall. Tout d’abord, il y a Hermanas, une suite de duos chantés et dansés par Sandra Guida et Alejandra Radano. Revisitant des standards sud-américains, italiens, anglo-saxons et français, les deux complices se répondent et se confondent dans de savants jeux de miroir (Alfredo Arias introduit chaque tableau, en voix off). Clins d’œil, humour kitch, sensualité, lyrisme : ces deux « sœurs de scène » suivent les traces de Mistinguett, Joséphine Baker, Mina et Patty Pravo, Cathy Berberian…
Du kitch à la mélancolie
Il y a donc Hermanas, et puis Cinelandia, une pièce ponctuée de chansons qui nous projette dans le cinéma argentin des années 1930, 1950 et 1960. « Je suis un enfant du cinéma qui a été piégé dans le théâtre » aime à dire Alfredo Arias. Ici, les souvenirs d’enfance du metteur en scène prennent le chemin de tableaux parfois enjoués, parfois un peu plus fades. A l’intérieur du même espace vide et noir qui accueillait le premier spectacle, les figures d’Isabel « Coca » Sarli (dans Carne), de Zully Moreno (dans La Mujer de las camelias), de Carlos Thompson (dans El Crímen de Oribe) et de Libertad Lamarque (dans Besos brujos) – vedettes mythiques de la culture argentine – dialoguent avec un Alfredo Arias maniant à merveille parodie et émotion (il est accompagné, sur scène, des deux interprètes d’Hermanas et d’Antonio Interlandi). Etrangement, les quelques passages à vide de ce second spectacle entament à peine son charme. Car, à l’instar d’Hermanas, Cinelandia exhale une impression touchante de nostalgie et d’authenticité. Comme si transparaissait, au sein même des creux de cette pièce, le sourire pudique et mystérieux du metteur en scène argentin.
Manuel Piolat Soleymat
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