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Après House en 2023, Amos Gitaï revient à La Colline avec une création hybride et multilingue qui réinvestit le mythe juif du golem. Une parabole contemporaine sur le rapport entre progrès et désastre.
Quelle relation entretient le cinéaste que vous êtes avec le théâtre ?
Amos Gitaï : La fonction presque chamanique de la représentation m’intéresse. Comme, par exemple, lorsque j’ai créé mon spectacle La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’abord en Sicile en 1993, puis en 2009 au Festival d’Avignon, avec Jeanne Moreau. Au fil du temps, des éléments changent, d’autres subsistent, à partir d’une même interrogation. Je trouve cela fascinant. A l’origine, je suis architecte. De ce rapport à l’espace naît une hybridation des formes — musique, textes, voix, fragments d’images — pour proposer aux spectateurs une expérience multisensorielle.
Quel regard portez-vous sur la légende du golem ?
AG.: La figure du golem m’intéresse depuis très longtemps. Mes trois films sur ce thème — L’esprit de l’exil, Naissance d’un Golem et Jardin pétrifié — étaient comme des carnets de notes issus de textes qui me permettaient de regarder la société européenne ou russe et de comprendre quelque chose du racisme. Ce spectacle est une nouvelle façon de poser la question. C’est une métaphore sur les vagues de racisme, d’antisémitisme et le besoin d’un sauveur : le golem. C’est aussi une métaphore sur notre relation avec la science, ce golem qui pourrait aider l’humanité à progresser. Peut-être même que le golem pourrait apporter la paix, mot qui n’est pas beaucoup utilisé au Moyen-Orient.
Golem est une proposition hybride…
AG.: Oui, ce spectacle est joué en français, yiddish, anglais, allemand, ladino, espagnol, russe, hébreu et arabe (ndlr, le spectacle est surtitré en anglais et français). Sur scène, il y a trois musiciens, quatre chanteuses et sept comédiens : français, israéliens et palestiniens. C’est pour moi un bonheur de retrouver des partenaires aussi talentueux qu’Irène Jacob, Micha Lescot, Menashe Noy, Bahira Ablassi, Minas Qarawany, Alexey Kochetkov, Richard Wilberforce, Dima Bawab, Kyoomars Musayyebi, ainsi que de travailler pour la première fois avec Laurent Naouri et Florian Pichlbauer. Comme dans tous mes spectacles, et même dans mes films, la musique — non illustrative — est une part essentielle de la représentation.
Quelle portée politique donnez-vous à cette entrecroisement de langues et de cultures ?
AG.: Nous sommes ce que nous sommes, avec des identités différentes, des histoires différentes, des origines différentes. C’est peut-être cela, notre victoire sur les golems, sur l’intelligence artificielle, sur la puissance technologique. Et pour que l’humanité continue, nous devons accepter cette multitude d’existences côte à côte. Sans nous tuer les uns et les autres. Juste en créant des ponts et parfois, aussi, des frontières, pour travailler ensemble. Parce que pour nous, comme pour Darwish, Pouchkine ou Szymborska, la littérature, le théâtre, l’art sont des lieux de résistance.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30. Relâche le lundi et le dimanche 9 mars. Durée : 2h15. Tél. : 01 44 62 52 52. www.colline.fr
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