North Korea Dance avec Eun-Me Ahn
L'extravagante Eun-Me Ahn revient au Théâtre [...]
Danse - Entretien / Aurélien Richard
Pianiste, chorégraphe et metteur en scène, Aurélien Richard crée Gis_elle, une fantaisie chorégraphique qui dévoile les coulisses du métier de danseur.
Pourquoi avoir choisi de donner votre interprétation de Giselle ?
A.R. : Il y a 20 ans, j’ai été engagé par Brigitte Lefèvre comme chef de chant pianiste à l’Opéra de Paris. J’y ai fait des rencontres merveilleuses. C’était mon premier emploi et je découvrais un monde qui m’était complètement étranger, cela m’a fasciné. Pendant toute cette période je prenais des notes dans un journal. Je les ai conservées et me suis demandé plus tard si je ne pourrais pas faire un spectacle à partir de cette expérience. Progressivement, l’idée m’est venue d’une pièce qui ne serait pas une nouvelle version de Giselle mais qui utiliserait sa narration pour raconter le travail du danseur. Ce qui m’intéresse est de dévoiler les coulisses, de suivre l’itinéraire d’une femme du petit rat à la consécration d’étoile puis la reconversion.
« Ce qui m’intéresse est de dévoiler les coulisses. »
Aurélien Richard
Après Noces/ Quatuor et Revue macabre vous replongez pour cette pièce dans les archives de la danse ?
A.R. : Ariane Dolfus avec qui je travaille a collecté de très nombreux documents, a réalisé de nouvelles interviews. Je n’avais pas envie de créer un texte de théâtre. Je voulais donner à entendre tous ces témoignages, les retravailler avec l’aide d’auteurs selon ma propre perception, les thématiques que je voulais aborder. Nous parlons dans Gis_elle de l’école, des heures passées à répéter, du fait d’être distribué ou non dans un rôle, des multiples échelons à gravir, de l’époque de Lifar, de Noureev, de Patrick Dupont. Finalement ce spectacle est peut-être moins Giselle que ce qui est dit sur Giselle par Ghislaine Tesmar, Yvette Chauviré, Florence Clerc ou Agnès Letestu.
Comment tout ceci prend-il vie sur scène ?
A.R. : Nous sommes quatre sur le plateau. Elsa Godard, qui était première artiste au Royal Ballet de Londres, incarne la ballerine. Marie Cariès, qui est actrice, interprète un personnage de coach, une forme de mélange entre Yvette Chauviré et Ghislaine Thesmar. Ghislaine m’a toujours fasciné et je tenais à lui rendre hommage. Il y a également Olivier Normand, un acteur qui est aussi chanteur. Il personnifie le garçon qui accompagne Giselle. Et moi je suis une espèce de Monsieur Loyal au piano, ce qui me permet de défendre la musique d’Adolphe Adam qui est un compositeur trop peu reconnu. J’ai retravaillé toute la partition pour que cela sonne comme un orchestre. Nous avons gardé la structure du ballet. Dans l’acte 1, terrien, nous sommes au plus près des répétions, des représentations. L’acte 2, fantastique, est une réinterprétation des grandes scènes de Giselle. Après avoir été nommée étoile, la ballerine est vouée à disparaitre comme toutes celles qui l’ont précédée, à se dissimuler derrière une armée de Wilis. Finalement, chaque Giselle en éclipse une autre, c’est le mouvement de l’histoire.
Propos recueillis par Delphine Baffour
Les 5, 6, 7, 8, 9, 12, 13, 14, 15 et 16 février à 19h, les 10 et 17 février à 14h30. Tél. 01 76 49 47 12.
L'extravagante Eun-Me Ahn revient au Théâtre [...]