La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Georges Lavaudant

Georges Lavaudant - Critique sortie Théâtre
Crédit : DR Légende : Georges Lavaudant

Publié le 10 juin 2010

Mise en miroir shakespearienne

Georges Lavaudant « fait danser ensemble deux étincelantes cousines », au festival Les Nuits de Fourvière, à Lyon. Deux pièces de William Shakespeare – La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été – que le metteur en scène met en regard au sein d’une même représentation.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de mettre en scène un spectacle associant La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été ?
Georges Lavaudant : C’est un projet qui est né, il y a quelques années, d’une réflexion menée avec Daniel Loayza (ndlr : traducteur, conseiller artistique du Théâtre national de l’Odéon). Je devais réaliser un travail sur l’œuvre de William Shakespeare au Conservatoire et il nous avait alors semblé intéressant d’associer La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été, pièces assez différentes mais entre lesquelles il est possible d’établir toutes sortes d’échos, de correspondances, d’effets de miroir. Mis de côté à l’époque, ce projet voit le jour aujourd’hui.
 
A travers quel procédé avez-vous réuni ces deux œuvres ?
G. L. : Dans La Tempête, aux deux tiers de la pièce, le personnage principal, Prospero, décide de donner un spectacle à sa fille et à son fiancé. C’est à ce moment-là que l’on remplace la pastorale imaginée par Shakespeare par une version totalement fidèle mais condensée, compactée du Songe d’une nuit d’été.
 
« La légèreté du Songe concourt à estomper les aspects trop métaphysiques de La Tempête»
 
Comment ces deux pièces vous semblent-elles s’éclairer l’une l’autre ?
G. L. : Souvent, on se laisse impressionner par la dimension testamentaire de La Tempête. Une ombre portée un peu lourde pèse sur cette pièce, la fige dans une forme de symbolisme et fait de Prospero un personnage sentencieux. J’ai confié ce rôle à André Marcon, qui interprète également celui d’Obéron, dans Le Songe d’une nuit d’été. Or, d’une certaine façon, le fait de travailler en parallèle sur ces deux personnages permet d’échapper à ce côté sentencieux. La légèreté du Songe concourt à estomper les aspects trop métaphysiques de La Tempête. Je crois que l’on se laisse moins piéger par le poids de « l’œuvre ultime ».
 
Pour quelles raisons André Marcon s’est-il imposé à vous ?
G. L. : Tout d’abord, bien entendu, parce qu’il fait partie de quelques grands comédiens français auxquels on pense naturellement pour un tel rôle. Et puis, je ne voulais pas d’un acteur âgé. Souvent, on montre Prospero comme un homme en fin de vie, quelqu’un qui décide d’abjurer la magie avant de disparaître. Ce n’est pas ma vision. Pour moi, il s’agit d’un homme dans la plénitude de ses forces qui, ayant épuisé sa colère, étant arrivé au bout d’un processus de vengeance, décide de passer à autre chose, d’orienter sa vie vers une autre direction. Pour cela, j’avais besoin d’un acteur qui puisse incarner un personnage dans la fleur de l’âge. De plus, André Marcon a un phrasé, une manière d’incarner le verbe uniques, qui n’appartiennent qu’à lui. J’admire depuis longtemps l’énergie et le souffle qu’il apporte sur un plateau de théâtre.
 
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


La Tempête…, d’après La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare ; traduction et adaptation de Daniel Loayza et Georges Lavaudant ; mise en scène de Georges Lavaudant. Les 4, 5, 7 et 8 juin 2010 à 22h. Festival Les Nuits de Fourvière, Théâtre antique de Fourvière, 69005 Lyon. Réservations au 04 72 32 00 00 ou sur www.nuits-de-fourviere.org. Durée du spectacle : 1h50.
Reprise en octobre 2010 à la MC93 Bobigny, en novembre 2010 à la MC2 Grenoble.

A propos de l'événement


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