La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Fuck America / Asphalt Jungle

Fuck America / Asphalt Jungle - Critique sortie Théâtre Paris La Manufacture des Abbesses
Le metteur en scène Laurent Maindon Crédit : DR

Entretien / Laurent Maindon
Manufacture des Abbesses / de Edgar Hilsenrath et Sylvain Levey / mes Laurent Maindon

Publié le 23 août 2018 - N° 268

Le Théâtre du Rictus fait sa rentrée à la Manufacture des Abbesses. La compagnie basée en Loire-Atlantique présente Fuck America et Asphalt Jungle : deux spectacles qui nous parlent « de nos craintes et de nos espoirs », « de nos rêves et de nos lâchetés ».

Quels liens établissez-vous entre Asphalt Jungle et Fuck America ?

Laurent Maindon : Ce sont deux histoires sans point commun apparent. L’une – Asphalt Jungle – est une fable sur le désir de violence. Entre absurdité et humour noir s’esquisse le jeu de l’humiliation et de la torture mentale. L’autre – Fuck America – dévoile, dans les bas-fonds du New York des années 1950, la naissance d’un écrivain juif allemand encore marqué au plus profond de lui par la Shoah. A priori, rien de semblable, si ce n’est que ces deux pièces nous parlent du monde, de nos craintes et de nos espoirs, de nos rêves et de nos lâchetés. Bien que parfois graves, elles sont drôles et ironiques. Edgar Hilsenrath et Sylvain Levey trempent leur plume dans l’encrier des jours sans gloire et regardent la vie droit dans les yeux.

Quel regard portez-vous sur les écritures de ces deux auteurs ?L.M. : J’ai découvert l’œuvre d’Hilsenrath en lisant Le Nazi et le Barbier, roman picaresque qui parle de l’holocauste avec une absence de complexe à couper le souffle. L’important, pour cet écrivain, est de parler de la condition humaine, de ses travers, de ses perversités comme de ses rêves, de ses angoisses et des conditions de sa survie. J’ai ensuite lu l’intégralité de ses romans et suis tombé sous le charme de Fuck America. L’humour et la profondeur de Bronsky, son personnage principal, ont résonné avec mes propres interrogations : comment prendre une distance poétique pour parler des choses graves ? Quant à Sylvain Levey, lorsqu’on lit ses textes, on est frappé par leur qualité de captation : captation de la solitude, de la révolte, du malaise, du mal-être… Les personnages semblent subir une pression qu’ils ne perçoivent pas, mais qui tend à les broyer. Sylvain Levey ne nous inflige pas une analyse prête à penser, il nous donne à voir. Ses esquisses révèlent les meurtrissures d’une société à la dérive, en quête d’elle-même, une société qui réinvente ses propres mythes dans la peur de l’autre et le repli sur soi.

« Edgar Hilsenrath et Sylvain Levey trempent leur plume dans l’encrier des jours sans gloire et regardent la vie droit dans les yeux. »

Quels sont les engagements artistiques qui fondent la vie de votre compagnie, le Théâtre du Rictus, depuis sa création en 1996 ?

L.M. : Nous défendons un théâtre de texte, de parole, un théâtre d’engagement. Un théâtre qui questionne notre condition. J’aime la précision du jeu, l’engagement des corps sur un plateau. Mettre en scène, c’est aussi une histoire de partage et de négoce avec des mots, avec une équipe. Et c’est grâce à l’équipe qui m’accompagne que je continue d’arpenter le répertoire contemporain avec enthousiasme.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Fuck America / Asphalt Jungle
du jeudi 23 août 2018 au dimanche 14 octobre 2018
La Manufacture des Abbesses
7 rue Véron, 75018 Paris.

Fuck America : du 23 août au 14 octobre 2018, du jeudi au samedi à 21h00 et le dimanche à 17h00. Asphalt Jungle : du 29 août au 13 octobre 2018, du mercredi au samedi à 19h00. Tél. : 01 42 33 42 03.

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