« Camus-Casarès », une géographie amoureuse, mise en scène d’Elisabeth Chailloux
Guidés par Elisabeth Chailloux, Jean-Marie [...]
Après des textes de Thomas Bernhard, Jon Fosse ou Edward Bond, Frédéric Garbe met en scène L’Institut Benjamenta de Robert Walser, traversée pétrie d’étrangeté au cœur d’un pensionnat qui forme à l’obéissance.
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cet univers et cette langue ?
Frédéric Garbe : L’œuvre de Robert Walser est inclassable, d’une grande singularité. Le regard qu’il porte sur le monde est toujours retranscrit avec une infinie délicatesse. S’attachant au détail, son écriture est le fruit d’une contemplation où l’attention est toute portée à l’infime, à l’invisible. Beaucoup des écrits qu’il a laissés sont des formats courts, voire très courts, parfois quelques lignes. L’institut Benjamenta est un récit plus étoffé. Walser y déploie le récit d’un jeune homme, Jacob Von Gunten, qui décide d’intégrer le mystérieux Institut Benjamenta afin d’y apprendre le métier de serviteur. Il se retrouve plongé dans un univers étrange et inquiétant où on lui apprend à ne plus rien vouloir, ne plus rien désirer, à devenir « un parfait zéro ».
Comment avez-vous appréhendé le mystère dont est chargé ce lieu ?
F.G. : Nous avons privilégié la dimension du conte. Nous nous sommes attachés à la figure paternelle et ogresque de M. Benjamenta, directeur puissant et colérique, et à celle de Mlle Benjamenta, évanescente et vaporeuse comme le sont les fées, et surtout à l’Institut, lieu étrange qui semble appartenir autant au réel qu’au songe. Tous se passe ici dans l’esprit de Jacob. On l’accompagne au plus près de ses pensées et de ses émotions. Plongé dans les méandres de l’Institut, on suit son errance, ses recherches, ses doutes et ses découvertes.
Comment voyez-vous le personnage de Jacob et son cheminement ? Fait-il écho à la figure de l’écrivain Robert Walser ?
F.G. : Jacob doit trouver son chemin entre révolte et abnégation, et échapper à une lente et inexorable disparition dans cet institut sur le déclin dont il va devoir percer les mystères. Il est en effet très proche de Walser qui lui-même a été serviteur. D’une apparente candeur, le regard que porte Jacob sur ses camarades de classe, sur les professeurs, et les rapports qu’il entretient avec Monsieur Benjamenta, le directeur, sont comme chez Walser d’une grande profondeur et d’une grande douceur.
Dans vos mises en scène, vous vous appuyez régulièrement sur les arts graphiques et visuels. Est-ce le cas aussi pour cette mise en scène ?
F.G. : L’espace scénique est comme un espace mental. Celui de Jacob, mais aussi celui de Robert Walser. Nous nous sommes inspirés de la forme de son écriture, de ses « microgrammes », minuscules calligraphies écrites à la pointe d’un crayon sur des bouts de papiers, qu’il a laissés par centaines. Nous avons fait de l’institut Benjamenta un univers de papier. Les murs, le sol, mais aussi les personnages sont des silhouettes faites de papier qui apparaissent en s’éclairant. La musique et la vidéo accompagnent la construction de cet espace dans lequel Jacob cherche à construire sa destinée.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 19h45, relâches les 12 et 19. Tél : 04 90 86 17 12.
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